Il n’y a pas pour les réfugiés de ces sommets de la dernière chance que les dirigeants de l’Union européenne aiment tant multiplier.
La réunion des ministres européens de l’Intérieur, lundi soir à Bruxelles, n’a abouti à aucun résultat, si ce n’est d’étaler une nouvelle fois les divisions, notamment sur la répartition des réfugiés entre les 28 États membres. Ce n’est pas une surprise, tant les positions des pays de l’Est sont tranchées. Pour Budapest, Prague ou Varsovie, la réponse martelée depuis des semaines est claire et nette : c’est non.
Excédée, la chancelière allemande, Angela Merkel, dont le pays porte le plus lourd fardeau dans cette crise, a exigé hier la convocation d’un sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement, pour surmonter des divergences mettant à rude épreuve les fondements de l’UE.
À moins d’user d’arguments sonnants et trébuchants à l’encontre des récalcitrants, ce qu’Angela Merkel exclut, l’on voit mal comment cet énième sommet permettrait de sortir de l’ornière. D’autant qu’à la question des quotas, s’ajoutent celles de l’harmonisation du droit d’asile en Europe ou celle, plus lourde encore, de la nécessité d’agir sur les causes de la crise, c’est-à-dire la guerre en Syrie et en Irak.
Autant de problèmes dont la résolution prendra au mieux des mois, et plus probablement des années. Mais l’urgence est immédiate. Les appels à agir lancés aux dirigeants politiques restent lettre morte.
Est-ce de trop d’imaginer que les marines nationales de pays comme le Royaume-Uni ou la France se dégarnissent de quelques navires pour venir prêter main forte aux garde-côtes grecs et turcs ? Est-il donc si difficile d’imaginer qu’il faut mobiliser tout de suite les moyens indispensables pour aider la Grèce, l’Italie ou la Hongrie à faire face à une situation qui les dépasse, plutôt que de leur reprocher de mal contrôler les frontières extérieures de l’UE ?
La diffusion de la photo choc du cadavre du petit Aylan, échoué sur une plage turque, semble déjà lointaine. Depuis, des dizaines de candidats à l’exode se sont noyés en mer Égée. Vingt-deux pour la seule journée d’hier.
Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)