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De petites victoires

On ne peut certainement pas entièrement comparer les résultats des élections législatives et du scrutin européen. Mais le choix des six eurodéputés luxembourgeois offre des indices sur la popularité des principaux partis qui siègent à la Chambre. À commencer par le CSV du Premier ministre, Luc Frieden. Il sort certes vainqueur du scrutin de dimanche (22,9 %), mais on peut mettre en parallèle le résultat final avec les dernières législatives. En fait, le camp chrétien-social signe une victoire sans vraiment sortir gagnant des urnes.

À l’automne dernier, le CSV avait à peine gagné 0,9 point de plus par rapport à 2019. Le principal acquis était le maintien de ses 21 sièges, qui, grâce à la débâcle de déi gréng, ont suffi à déloger la coalition tricolore. Dimanche, le gain de suffrages s’est aussi limité à 1,8 point. Le CSV se vante d’être le seul parti à toujours compter deux eurodéputés, mais c’est vite oublier qu’en 2019, il avait chuté de 37,6 % à 21,1 %. De plus, il perd des plumes par rapport aux 29,2 % des législatives.

Le pire, aux yeux de certains membres du CSV, est le sursaut du LSAP, qui vient talonner les chrétiens-sociaux (21,7 % contre 22,9 %), après avoir été crédité du plus grand gain de voix (+9,5 points). Les socialistes reviennent de loin (12,2 % en 2019), mais renforcent leur statut de premier parti d’opposition, d’autant plus qu’ils dépassent le DP (18,3 %). C’était déjà très légèrement le cas en octobre dernier (18,9 % contre 18,7 %).

Si le CSV fête une petite victoire, c’est aussi le cas pour déi gréng. Ils ont exulté de joie après avoir réussi à conserver leur unique siège au Parlement européen. La hausse des suffrages par rapport aux législatives (11,8 % contre 8,5 %) est vue comme un nouveau départ. Le résultat est très loin du record de 2019 (18,9 %), mais les verts se rapprochent de la moyenne des scrutins européens précédents. S’agit-il d’une première récompense pour le solide travail d’opposition mené à la Chambre?

L’ADR, qui décroche enfin un premier siège européen, a lui aussi amélioré son score par rapport aux législatives (de 9,3 % à 11,8 %). Il s’agit d’une vraie victoire, même s’il on est loin, très loin, de la percée des partis nationalistes et d’extrême droite qu’a connue l’UE dans son ensemble.