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De moins en moins lumineuse

De renoncement en reniement, François Hollande en est maintenant à la trahison. Mercredi, il a annoncé le maintien dans la révision constitutionnelle de la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés en France qui se rendraient coupables de terrorisme. Militants et leaders de gauche sont vent debout, ne trouvant pas de mots assez durs pour dénoncer cette attaque contre l’un des principes fondateurs de la République : l’égalité entre citoyens.

Après avoir tenté de séduire la droite ultralibérale en vendant du Macron pour du Jaurès, François Hollande valide maintenant un possible changement de Constitution dans un sens voulu de longue date par le Front national. En entérinant la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France, il endosse la paternité d’une mesure qui va créer deux catégories de Français : les «vrais» qui conserveront leur nationalité quoi qu’il en soit et ceux qui risqueront de la perdre car au moins l’un de leurs parents leur en aura légué une seconde.

Établir des Français de première et de seconde catégorie jettera de l’huile sur le feu communautariste, celui que les commanditaires des attentats du 13 novembre à Paris ont précisément voulu attiser. De ce point de vue, il s’agit pour eux d’une victoire éclatante. Car le doute n’est pas permis : cette mesure cible les musulmans, elle est islamophobe.

Hollande pense-t-il sérieusement qu’il pourra ainsi attirer dans ses filets les électeurs d’extrême droite ? Pense-t-il réellement apaiser de cette façon les tensions de la société française ? Non, Hollande, comme l’ensemble des politiques français, en est tout à ses minables calculs électoraux. Il pense à la présidentielle de 2017. Il ne s’agit pas de défendre une vision du monde, mais juste de conserver un pouvoir qu’il a conquis en 2012 à coups de mensonges sans précédent.

La déchéance de nationalité, la répression de militants écolos au nom de la lutte contre le… jihadisme sont autant de signes de recul de l’État de droit et de ce qui fait l’identité même du pays. La France de Voltaire et d’Hugo est de moins en moins lumineuse.

Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)