Malgré le contexte de crise énergétique, le Luxembourg a pu aborder le sommet européen de cette fin de semaine assez sereinement. Notre atout majeur est d’être directement raccordé au port belge de Zeebruges et son terminal de gaz naturel liquéfié (GNL), comptant parmi les plus importants d’Europe. Le fait que le gaz arrive très majoritairement depuis la Norvège et le Royaume-Uni est un autre facteur stabilisateur.
Plusieurs risques existent néanmoins. Si un acte de sabotage (russe?) semble improbable à l’heure actuelle, la volatilité des prix risque de peser plus lourdement. L’enjeu des tractations à Bruxelles était donc de trouver le bon équilibre pour tacler la flambée des prix, sans toutefois encourir le risque que les pays exportateurs de gaz décident de bouder les ports européens car d’autres États sont prêts à payer le GNL au prix fort. La tâche s’annonçait compliquée. Le fait qu’un accord de principe ait pu être dégagé est un signal à la fois fort et fragile. Il reviendra aux ministres européens de l’Énergie d’accomplir les «devoirs à domicile» octroyés par leurs supérieurs.
Ce qui interpelle, c’est la position divergente de la Belgique et du Luxembourg avant le début du sommet. Nos voisins ont plaidé pour un plafonnement du prix. Xavier Bettel s’est plutôt rangé dans le camp de l’Allemagne, également inquiète qu’un plafonnement puisse menacer la garantie d’être livré en GNL.
Le compromis finalement trouvé est un mécanisme temporaire et dynamique pour éviter les fluctuations trop importantes, baptisé «corridor de prix». Il sera plus important toutefois de permettre à la plateforme d’achat commune de l’UE de développer toute sa force de frappe, mais aussi de trouver à l’échelle du G7 des accords pour éviter que des pays alliés pratiquent entre eux une concurrence déloyale pour se fournir en gaz.
Ces deux derniers instruments ont notamment été mis sur la table par Xavier Bettel. Il a eu raison de le faire. Car le Premier ministre reste entièrement conscient que, malgré une position actuelle assez confortable, le Grand-Duché est à 100 % dépendant des importations de gaz. Seule une large solidarité européenne et mondiale permettra de passer non seulement cet hiver, mais également l’hiver prochain, au chaud.