L’agression par la Russie de l’Ukraine a fait sauter des verrous au sein de l’UE. Dégager une unanimité sur des sanctions inédites contre le régime de Poutine? Acté à la vitesse de l’éclair! Livrer des armes à un pays en guerre? Décidé en un tour de main! Et l’accueil à bras ouverts de millions de réfugiés? Plus un problème pour les maîtres des forteresses hongroise ou polonaise!
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a même ouvert grand la porte à une adhésion rapide de l’Ukraine à l’Union européenne. Il en va de même pour la Géorgie et la Moldavie, deux autres pays de l’est de l’Europe, qui se trouvent dans le viseur du maître du Kremlin. La procédure d’examen des demandes est lancée.
Connaissant les rouages extrêmement complexes et lourds qui caractérisent le processus, faire miroiter une intégration rapide à l’Union équivaut néanmoins à donner de faux espoirs aux peuples ukrainien, géorgien et moldave. Le président du Conseil de l’UE, Charles Michel, est d’ailleurs venu doucher les espoirs en indiquant que l’unanimité requise des 27 États membres actuels n’était en rien donnée, en dépit de la gravité de la situation en Europe.
Un autre conflit armé sur le Vieux Continent – largement passé sous silence depuis l’invasion russe en Ukraine – se trouve à l’origine de la volonté de l’UE de renforcer son statut de projet de paix. Les guerres de Yougoslavie (1991-2001) ont donné naissance à de nouveaux pays qui cherchent depuis de longues années à obtenir une perspective européenne. Depuis le début du processus de l’élargissement vers les Balkans occidentaux, seule la Croatie a réussi, en 2013, à intégrer l’UE. Quatre pays se trouvent toujours en salle d’attente : Macédoine du Nord (depuis 2005), Serbie (2012), Monténégro (2012) et Albanie (2014), qui sont à des stades différents du processus d’adhésion, ainsi que la Bosnie-Herzégovine (2016) et le Kosovo (2016), où le flou reste important.
Il est peu probable que la menace russe vienne accélérer les choses. Du moins en ce qui concerne l’adhésion à l’UE. Car au lieu de pacifier les Balkans, la longue attente a provoqué de nouvelles tensions transfrontalières. Gare à l’ouverture d’un second front de guerre en Europe…