À première vue, les contrôles aux frontières allemandes sont un succès : 47 000 refoulements, un tiers de demandes d’asile en moins et l’arrestation de 1 900 passeurs. Une raison de plus pour le gouvernement sortant de prolonger la mesure jusqu’à la mi-septembre. Cette entrave à la libre circulation à l’intérieur de l’espace Schengen reste motivée par une menace sur la sécurité intérieure et la lutte contre l’immigration clandestine.
L’attentat survenu hier à Munich (lire en page 9) va conforter Friedrich Merz, le favori au poste de chancelier, dans sa volonté de fermer durablement les frontières allemandes. Il compte ordonner dès le premier jour de son mandat un refoulement systématique de toute personne sans ticket d’entrée valable, y compris des demandeurs d’asile. La marge de manœuvre légale serait donnée. Aucune convention humanitaire internationale ne serait entravée, estime le politicien conservateur.
La décision de serrer la vis est compréhensible au vu de la série d’attaques meurtrières que l’Allemagne vient de subir. Plusieurs de ces assaillants sont des demandeurs d’asile déboutés, mais pas encore expulsés. Il s’est aussi avéré que les autorités ont failli, malgré des indices, à interpeller plus tôt des personnes qui constituent potentiellement une menace pour la sécurité intérieure. Ce fut le cas de l’homme qui a foncé, en décembre, à bord d’une voiture sur la foule d’un marché de Noël. L’agresseur présentait en plus des problèmes psychiatriques.
Cette multitude de facteurs démontre que la fermeture des frontières est une fausse réponse aux récentes attaques. Si des migrants irréguliers constituent une menace, la solution est d’accélérer les retours, une tâche qui n’est pas évidente au vu du refus des pays d’origine de reprendre leurs ressortissants. Une restructuration pour rendre plus efficaces les autorités compétentes est une autre piste.
Le gouvernement luxembourgeois s’est enfin décidé à saisir la Commission européenne pour protester contre la fermeture prolongée des frontières allemandes. Un recours devant la Cour de justice de l’UE reste exclu. La réponse pourrait s’avérer insuffisante, sachant que le potentiel prochain chancelier se dit décidé à enterrer Schengen.