Le Forum économique mondial, rassemblement de l’élite politique et économique mondiale, qui s’ouvre ce mardi à Davos, sera marqué par l’absence de plusieurs décideurs de haut rang. En effet, Donald Trump et Emmanuel Macron, de même que Theresa May, ont décliné l’invitation, tous les trois étant actuellement confrontés à une crise nationale. Ainsi, le président américain sera privé de Forum à cause de l’imbroglio autour du shutdown. Quant à Emmanuel Macron, il a officiellement invoqué «un agenda chargé» pour justifier sa défection dans les Alpes suisses. Mais le mouvement des «gilets jaunes» empêche le «président des riches » de rejoindre les quelque 3 000 participants du Forum, dont plus de 60 chefs d’État ou de gouvernement et 40 dirigeants d’organisations internationales. Enfin, le chaos du Brexit a aussi conduit Theresa May à renoncer à sa participation.
À l’inverse, le nouveau président brésilien, Jair Bolsonaro, ne manquerait ce rendez-vous pour rien au monde, car il aura certainement une belle carte à jouer à l’occasion de son premier voyage officiel : celle de se poser en nouvel homme fort et facilitateur au sein de l’ordre mondial. Il compte en effet plus que jamais ouvrir l’économie du Brésil aux investisseurs privés étrangers et évoquer la crise du Venezuela due à la seconde investiture de Maduro, non reconnue par la communauté internationale.
Le tout se fera dans le costume de l’homme providentiel, car l’extrémiste de droite Bolsonaro fera probablement tout pour occulter, le temps d’une semaine, le fait qu’il est avant tout le président des riches Brésiliens, dans un pays où les inégalités socioéconomiques sont à leur paroxysme. Et ceci alors même que ce Forum 2019 aura pour but de fixer un agenda global permettant une «remoralisation» de la mondialisation, en se penchant aussi sur les perdants de ce phénomène, comme vient de l’illustrer l’ONG Oxfam dans un rapport, en soulignant que, en 2018, 26 milliardaires possédaient autant que les 3,8 milliards de personnes qui composent la moitié la plus pauvre de l’humanité… Mais que signifie déjà l’expression «balayer devant sa porte»?
Claude Damiani