Des propos surréalistes. Mais qui ne viennent pas de Trump cette fois. «Détendez-vous, encaissez le coup, et attendez de voir comment la situation évolue. Car si vous ripostez, il y aura une escalade.» Ces paroles viennent du ministre des Finances américain, Scott Bessent. Il les a dites juste après l’annonce des nouveaux droits de douane faite par le président américain. Des propos dignes d’un homme de main d’un gangster ou d’un mafieux venu racketter un commerçant dans sa boutique. Les États-Unis ont frappé dans le ventre des Européens, des Japonais, des Coréens, des Chinois… mais il va falloir qu’ils baissent les yeux et qu’ils acceptent de se faire molester. Sinon il y aura encore des baffes, des coups de poing pour faire entendre raison à celui qui ose élever la voix, protester ou pire, résister.
Voilà donc l’application du trumpisme dans toute sa splendeur avec des petits caïds imposant leurs règles. Dans les salons feutrés de Bruxelles, les Européens vont répliquer. Malgré tout. Les propos sont toujours aussi policés, mais la contre-attaque se prépare. Nous verrons à quel niveau elle se situera. La petite frappe Scott Bessent risque malgré tout de se fâcher. Et entre nous, peu importe.
La décision unilatérale américaine a en tout cas fait flancher les marchés boursiers. De nombreuses entreprises y ont laissé des plumes sur toute la surface du globe. La guerre économique provoquée par Washington va laisser des traces et du ressentiment. Aux États-Unis aussi, les annonces tonitruantes ont provoqué une sacrée dégringolade à Wall Street. Trump s’est-il tiré une balle dans le pied? Non, il a pointé son arme sur le pied de l’économie américaine et a tiré à plusieurs reprises. Il a bien visé vu les mines déconfites des traders dans la salle des marchés de New York. Évidemment, le locataire de la Maison-Blanche a expliqué vendredi que tout se passait selon son plan et que tout allait bien. Les financiers américains auront le week-end pour se rétablir, mais lundi ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Mais Trump aime cette ambiance : nager dans le chaos provoqué par lui-même avec un large sourire ou en faisant un pas de danse. Il n’a jamais que travaillé pour lui et sa bande, pas pour les autres.