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Dans trois mois, ça repart

Hier devait avoir lieu une réunion tripartite, l’outil du dialogue social. Elle a été repoussée, faute de temps, à l’année prochaine. C’est un refrain entendu : pendant la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne, priorité aux affaires extérieures, le reste peut attendre. Alors, après trois mois de pause estivale, parce que l’été est très long dans notre région, les affaires reprennent lentement dès aujourd’hui, à la Chambre des députés. Lentement, car la priorité reste cette présidence du Conseil de l’UE, médiatisée avec force par le gouvernement.

Sauf que l’on peut légitimement se poser la question de cet ordre des choses. Si les ressources consacrées à la présidence du Conseil pèsent lourd au point de bloquer les affaires intérieures, le prestige de la fonction n’a plus de sens. Demander à un pays de 500 000 habitants comme le Luxembourg d’assumer cette charge quand d’autres, cent fois plus peuplés, le font aussi, pose la question de cette règle.

Voulue pour montrer la démocratie européenne en action, la présidence tournante de l’Union n’est qu’un poids inutile. D’autant que la succession de réunions informelles entre ministres de pays membres n’est pas à proprement parler une illustration éclatante de la démocratie européenne. Et c’est un euphémisme.

On en vient à souhaiter la fin rapide de cette présidence, pour que les dossiers nationaux reprennent le dessus, ceux-là mêmes qui sont mentionnés avec force par les syndicats en cette rentrée politique : les allocations familiales, la politique sociale, les prestations vieillesses. Des débats de société qui offrent une autre image de la démocratie que cette présidence de l’UE, événement qui doit rester anecdotique.

Les Pays-Bas vont succéder en janvier 2016 au Luxembourg à la tête de l’Europe. Reporteront-ils également les débats nationaux au mois de juillet, date à laquelle la Slovaquie héritera du bébé? Rien n’est moins sûr. Mais au Luxembourg, l’Europe fait patienter la société.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)