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Curieux paradoxe

À l’ère des réseaux sociaux, montres connectées et autres joyeusetés informatiques de type «visioconférence», l’être humain se sentirait plus seul que jamais. Près d’un adulte sur quatre dans le monde souffrirait de solitude. Et ce ne sont pas les personnes âgées, laissées dans leur Ehpad, qui seraient les principales concernées, mais bien les jeunes, âgés de 19 à 29 ans, si l’on en croit différentes études. Surconnectés, mais seuls. Seuls face à leurs écrans. Mais surtout, face à eux-mêmes. 

De base, la définition même du mot «solitude» n’est ni plaisante, ni douloureuse. Simplement, «l’état d’une personne qui, de façon choisie ou non, se trouve seule, sans compagnie, momentanément ou durablement». Mais face à nos écrans aujourd’hui, ce terme prend un tout autre sens. Pour beaucoup, être seul amène son lot de pensées négatives, alimentées bien souvent par les réseaux sociaux. Mais oui, regardez : votre ex vit sa meilleure vie sur cette plage paradisiaque et ne pense plus du tout à vous, alors que vous déprimez sur votre canapé. Et cet ami-là, il s’est créé un potager… Incroyable !

Ce scroll incessant devient alors un miroir de notre solitude. On cherche du réconfort, auprès de nos 288 followers, mais très vite, notre propre isolement nous rattrape. Vient alors la question fatidique : se sent-on seul parce qu’on passe trop de temps en ligne, ou passons-nous trop de temps en ligne justement parce qu’on se sent seul? Ne cherchez pas, le serpent se mord la queue.

Loin de moi l’idée de faire ma boomeuse ici (je suis trop jeune, je crois) et de vous dire que votre solitude est le fruit de trop de temps passé sur X, Pinterest ou Facebook. Aucun lien de causalité ne peut être scientifiquement prouvé. J’ai moi-même à mon actif plus de 5  heures et demie de temps d’écran quotidien. Mais nul doute qu’il est parfois bénéfique de couper les écrans, de stopper ce flux. Maîtriser l’angoisse. Apprécier d’être seul, se déconnecter.

Certains disent que la solitude est le mal du siècle. Peut-être ont-ils raison. Moi, je pense que si on a un peu de chance, il ne faut pas hésiter à se tourner vers nos vrais followers, ceux qui nous accompagnent au quotidien. Ils nous aideront très certainement à chasser ce curieux paradoxe qui nous ronge.