Le montant peut paraître vertigineux, surtout pour les personnes touchant le salaire minimum. Selon une étude, un fonctionnaire touche un traitement moyen brut de 8 688 euros, 13e mois compris. S’y ajoutent une allocation de repas mensuelle de 204 euros net et une allocation familiale de 599,81 euros brut. On arrive ainsi à un revenu disponible approchant les 110 000 euros par an.
Il faut souligner d’emblée qu’il s’agit d’une moyenne. De nombreux fonctionnaires, notamment ceux en début de carrière, ne touchent pas encore un traitement aussi élevé. Mais le montant moyen indique aussi qu’une frange non négligeable de fonctionnaires gagne bien plus que ces 8 688 euros par mois.
À titre de comparaison, le salaire minimum actuel varie entre 2 313 euros (non qualifié) et 2 776 euros (qualifié). Le salaire moyen est de 3 600 euros. Le seuil de pauvreté pointe à 2 177 euros.
Voilà donc le contexte dans lequel la CGFP, le syndicat de la fonction publique, revendique une hausse des traitements, sans toutefois avancer de pourcentage. «Il ne suffit plus d’applaudir les fonctionnaires», clame le président Romain Wolff. La solidarité affichée et surtout le bon travail accompli durant la pandémie justifieraient pleinement une revalorisation.
L’OGBL réclame, lui, une augmentation globale de 5 %, soit en moyenne 440 euros par fonctionnaire. Le salaire minimum va, lui, «seulement» augmenter de 3,3 % au 1er janvier prochain.
La CGFP semble en tout cas être consciente que les montants sortis de l’étude peuvent interpeller. Elle soupçonne que son ministre de tutelle, Marc Hansen, a délibérément attendu le début des négociations salariales pour la publier et «nourrir», ainsi, la «jalousie entre secteurs privé et public».
Or la véritable question est de savoir s’il est bien raisonnable de réclamer en ces temps de crise une revalorisation de traitements honnêtes. En tout cas, il paraît abusif de procéder à une hausse globale. Un accord salarial ciblé pour les fonctionnaires en début de carrière pourrait éviter la crise de jalousie, pas forcément provoquée par le ministre Hansen, mais bien plus par le gouffre existant avec les bas et moyens salaires, trop peu élevés par rapport au coût de la vie au Luxembourg.