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Crimes de guerre

Après Marioupol, Boutcha. Ces noms de deux villes ukrainiennes – au moins – doivent rester à jamais gravés dans les mémoires. L’armée russe est accusée d’y avoir commis des atrocités contre des centaines de civils. Malgré une ligne de défense on ne peut plus cynique, Poutine et ses généraux doivent une bonne fois pour toutes être qualifiés de ce qu’ils sont : des criminels de guerre!

De retour d’une visite à Kiev, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, continue d’attaquer le Kremlin de front : «Ce sont des crimes de guerre, commis par des criminels de guerre, et ces actes inhumains et coordonnés ne peuvent rester sans réponse.» Mais quelle réponse l’UE, et avec elle les autres pays occidentaux, va pouvoir et vouloir apporter à cette nouvelle escalade russe? Les appels à mettre en place des «embargos contraignants» sur l’importation de gaz et de pétrole russe deviennent de plus en plus pressants.

Il est un fait que les près de 800 millions d’euros que les pays de l’UE continuent à verser chaque jour à la Russie permettent au régime de Poutine de financer, du moins indirectement, les bombes qui s’abattent sur l’Ukraine. Les pays baltes ont déjà stoppé toute importation de gaz russe. Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, estime que cette décision va déclencher une «dynamique». Il semble néanmoins se confirmer que l’Allemagne et l’Autriche persistent à se défendre bec et ongles contre un embargo. Fortement dépendants de l’énergie fossile russe, les deux pays germanophones craignent un effondrement de leur économie. Des groupes d’experts estiment toutefois qu’il est possible de se passer, même à court terme, du gaz russe.

La vraie question est de savoir si les Occidentaux n’ont pas l’obligation morale de suivre l’exemple de la Lettonie, de la Lituanie et de l’Estonie et de couper, à leur tour, les gazoducs avec la Russie. Le prix à payer pourrait s’avérer lourd, mais il n’est en rien comparable avec la souffrance du peuple ukrainien. La menace financière n’est-elle pas le dernier moyen pour freiner Poutine?

Chaque jour de tergiversation risque de provoquer de nouveaux crimes. Crimes tout court, car toute guerre d’agression est un crime en soi.