La France veut rompre avec le diesel. Non, ce n’est pas une blague, même si certains, en feuilletant la presse hier, ont dû se demander si leurs yeux ne leurs jouaient pas des tours. Quoi, la France, ce temple de diésélistes fanatiques, ce pays qui détient un record mondial (le diesel représentait 80,1% des carburants consommés en 2012), ose porter un coup de poignard à son carburant chéri ?
C’est pourtant officiel : Matignon a approuvé hier le «principe d’un rapprochement entre le prix du gazole et celui de l’essence», pour mettre fin à la «diésélisation massive» en France. Concrètement, la taxation du diesel augmentera d’un centime par litre et par an, dès 2016, tandis que celle de l’essence diminuera d’autant chaque année. Le but final est d’arriver à un rapprochement du prix des deux carburants en cinq ans.
Quand on sait que l’avantage fiscal du diesel représente près de 7 milliards d’euros par an, on mesure mieux l’impact de cette décision, qui rompt avec des décennies de lobbying pour des moteurs diesels si performants, et surtout si attrayants. Car la recette du succès était simple : par rapport à l’essence, chaque passage à la pompe permettait d’économiser quelques euros et des poussières…
Hélas, il aura fallu autant de décennies pour qu’on se penche sérieusement sur d’autres poussières, plus toxiques. Aujourd’hui, nul n’ignore que le diesel, grand pourvoyeur de particules fines, est une bombe sanitaire : asthmes, cancers, AVC, infarctus du myocarde… Pour des raisons autant sanitaires qu’économiques (les deux sont liées), il fallait agir. Évidemment, ce «Dieselgate» tombe un peu trop à pic. On peut supposer que la tempête Volkswagen a su faire tourner les girouettes politiques françaises du bon côté.
Reste qu’il ne s’agit que d’une étape – pour autant qu’elle se réalise. Le plus grand défi reste à venir : le moteur thermique propre n’existera jamais. Les alternatives crédibles – électrique, hydrogène… – sont balbutiantes. Et les réserves d’or noir s’épuisent. Mais jusqu’ici, tout va bien. Oui, jusqu’ici, tout va bien…
Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)