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Coup de frein sur l’écologie

Le débat n’avait pas vraiment eu lieu au Luxembourg, mais la situation française était scrutée de près. Aujourd’hui, il n’y a plus rien à voir, circulez s’il vous plaît. Chez nos voisins, les zones à faibles émissions, les fameuses ZFE, vont s’évaporer, le concept a été rayé d’un trait de plume par les députés la semaine dernière. Reste à concrétiser cette abrogation dans la loi. Ces ZFE étaient des espaces dans les grandes villes françaises où les voitures trop polluantes étaient interdites. Depuis le 1er janvier 2024, une douzaine de grandes agglomérations avaient banni ces véhicules ou limité les horaires de circulation de ces voitures diesels immatriculées avant 2010, des voitures essence immatriculées entre 1997 et 2005, des deux-roues motorisés immatriculés entre 2004 et 2006. C’était le cas à Paris, Lyon, Nice, Toulouse, Aix-Marseille, Strasbourg… Trente autres agglomérations, dont Metz ou Nancy, étaient prêtes à franchir le pas. Elles ne pourront plus le faire.

Le Luxembourg avait observé la mise en place de ces zones en France avec circonspection. Les valeurs de pollution de l’air étaient moins importantes que dans les douze grandes cités pionnières, des contraintes de ce type n’avaient pas été jugées utiles. On imagine d’ailleurs les difficultés à mettre en place ce genre d’initiative dans le pays. Reste que la décision des députés hexagonaux est une véritable marche arrière. On va moins bien respirer dans certains grands centres-villes. La mesure écologique avait du sens, mais son extension a subitement relancé le vif débat sur l’utilité des restrictions écologiques et surtout sur leur propension à exclure une partie de la population. Beaucoup y voyaient un nouvel épisode dans la mise en place d’une écologie punitive où ceux qui n’avaient pas les moyens de s’acheter une voiture «plus propre» se trouvaient rejetés ad vitam æternam en périphérie des «riches» centres-villes. Les discussions, teintées de populisme, ont donc touché à leur fin en remettant en cause l’existence même de ces zones. C’est un grand retour en arrière pour apaiser les colères. Prudence, car à force de reculer sur l’environnement, en France comme au Luxembourg, nous risquons d’en payer le prix dans quelques années.