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Coup de chaud sur l’Arctique

L’Arctique est en passe de devenir le nouveau lieu de tension. Cette région désolée située autour du pôle Nord aiguise les appétits. Alors que des experts mandatés par l’ONU demandent instamment aux êtres humains de changer de comportement pour préserver la nature et ainsi, tout simplement, sauver l’humanité, des pays ne jurent toujours que par les ressources naturelles à exploiter sur notre bonne vieille Terre à bout de souffle. Cette prédation semble sans fin…

La Russie, la Chine et les États-Unis (sans oublier le Canada) lorgnent cet espace devenu le théâtre d’enjeux mondiaux. Il y a tout d’abord les ressources encore non exploitées qu’il faut siphonner pour répondre à la gloutonnerie de nos sociétés modernes. Gaz, pétrole, minerais… la liste est longue et suffit largement à faire oublier le problème climatique aux grands groupes industriels et aux États qui les soutiennent. L’importance économique de cet espace réveille ainsi les velléités guerrières des grands pays situés autour de cet espace vierge à conquérir. En avril dernier, le «Trèfle du Nord» a été inauguré. Malgré son nom bucolique, ce «village» est en fait une base militaire russe située en Arctique sur l’île de Kotelny. Juste à côté se trouve un immense gisement de pétrole : 250 soldats y montent la garde… même s’il n’y a aujourd’hui que des ours blancs à surveiller de près. Que l’armée russe se rassure, ces animaux auront de toute façon bientôt disparu.

En effet, avec le réchauffement climatique, un nouveau passage, celui du nord-est, pourra à terme être emprunté par les navires. Avec la disparition des glaces, les cargos peuvent utiliser ce nouveau trajet pour relier Chine et Europe le long de la côte russe. Il s’agit d’un gain d’une semaine sur le voyage! En janvier 2018, un premier méthanier a franchi, sans brise-glace, le passage du nord-est. Depuis, des cargos remplis de containers ont effectué le même parcours. Problème: les cartes sur les fonds marins de cette zone sont souvent peu nombreuses, voire erronées. Vous voyez, vous aussi, la catastrophe arriver plus vite que prévu?

Laurent Duraisin