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Coup de botte

Le ministre Claude Haagen, en poste depuis janvier, est sous pression. Sa sortie sur la dette publique, en amont de la tripartite, a fait du bruit. Le ras-le-bol exprimé vendredi par les jeunes agriculteurs et viticulteurs pèse bien plus lourd encore. Un manque de communication criant et une nouvelle loi qui irait à l’encontre de l’intérêt du secteur sont les deux éléments qui suscitent la colère de la jeune génération, qui est appelée à nourrir le Luxembourg de demain.

Au moment de succéder à Romain Schneider, parti à la retraite, Claude Haagen avait mis l’accent sur le dialogue avec les acteurs d’un secteur lourdement touché par la crise sanitaire et par les périodes de sécheresse successives. Il suffit de regarder les images satellites pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts. Au moins sur ce point, les pourparlers semblent avoir fonctionné entre ministre et représentants du terrain. La situation est tout autre en ce qui concerne le cadre législatif. La nouvelle politique agricole commune (PAC) de l’UE force le Luxembourg à se doter d’une nouvelle loi agraire.

Interrogé fin mai par Le Quotidien, Luc Emering, le président des jeunes agriculteurs, se réjouissait que le «début des échanges avec Claude Haagen (ait) été positif». Le ton a bien changé entretemps avec la menace, lancée vendredi, de mener des actions de protestation «sans précédent» si le ministre de l’Agriculture ne réagit pas aux revendications posées. «On n’est pas pris au sérieux. Toutes nos propositions lors de la préparation du texte de loi ont été froidement ignorées. Elles ont toutes été jetées à la poubelle», est venu fustiger Luc Emering. De plus, la future loi agraire remettrait en cause l’existence des exploitations, obligées de freiner leur développement en raison de critères environnementaux trop restrictifs.

Claude Haagen va vivre aujourd’hui une journée importante. En matinée sera présenté le bilan des récoltes. Dans la foulée, il recevra les jeunes agriculteurs. Le ministre a tout intérêt à prendre au sérieux le coup de botte donné symboliquement vendredi. Car, malgré le contexte de polycrise actuel, la pandémie a permis de rapprocher à nouveau le consommateur et l’agriculteur. Cette chance ne doit pas être gaspillée.