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Coup de bluff à Washington

Vladimir Poutine veut aller plus vite et se préparerait à une vaste offensive dans le sud de l’Ukraine. Depuis l’élection présidentielle américaine, le temps semble s’être figé à Washington. Le 20 janvier, le nouveau locataire de la Maison- Blanche, Donald Trump, prêtera serment pour reprendre les rênes des États-Unis et de leur politique étrangère. Et il aura fort à faire. En attendant, l’aide américaine vers le continent européen se poursuivra. Zelensky a encore quelques petites semaines devant lui pour renforcer ses défenses et tenter de contrecarrer une offensive hivernale qui s’annonce. Et il devra négocier avec quelqu’un qui ne sera pas forcément de son côté. Mais qui sait? L’imprévisibilité du républicain est à la fois moquée et redoutée. Trump aurait déjà contacté le maître du Kremlin pour lui demander d’éviter toute escalade en Ukraine. Il a aussi répété à l’envi, durant sa campagne, qu’il pourrait mettre fin au conflit en un jour. Ce mercredi, il doit rencontrer Joe Biden pour une première réunion concernant la transition «en douceur» du pouvoir voulue par les démocrates. Il verra peut-être la réalité de la situation d’un autre œil en ayant des informations de première main. Ou s’enfoncera dans ses certitudes en offrant au public une mimique dont il a le secret.

En attendant, Moscou n’attend pas et avance toujours ses pions. L’armée russe et son allié nord-coréen tentent toujours de récupérer la petite partie de la région de Koursk envahie par les Ukrainiens. Dans l’Est, les hommes de Poutine grignotent des territoires face à des Ukrainiens qui n’arrivent plus à tenir face à cette puissance de feu et à la masse de soldats ennemis. Les pertes sont évidemment très importantes et la Russie paye cher ces petites avancées. Ces multiples victoires à la Pyrrhus n’effraient pas Vladimir Poutine. Ça reste une victoire, sa victoire… et pas vraiment celle des Russes. L’Europe va devoir sûrement endosser aujourd’hui le premier rôle dans cette crise. La gageure s’annonce immense. Mais les États-Unis ne seront jamais loin. On ne peut imaginer qu’ils se désintéressent totalement de la situation ukrainienne… au risque de perdre trop de pions sur l’échiquier diplomatique mondial.