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Cortana et le luxem bourgeois

Depuis le 29 juillet, des ordinateurs du monde entier se mettent lentement à jour vers le nouveau système d’exploitation de Microsoft, Windows 10. Une énième version qui apporte notamment comme nouveauté la possibilité de parler avec votre ordinateur, comme cela se fait déjà sur les téléphones portables. La voix, forcément féminine, s’appelle Cortana, et elle répond à vos questions. Si vous lui demandez quel est le cri du chien, du chat ou du cochon, elle ne manquera pas de les imiter. Si vous lui demandez, plus sérieusement, d’effectuer une recherche sur internet, elle s’exécutera. Si vous lui demandez si elle est réelle, elle vous répondra : «Je le pense, donc je le suis».

C’est amusant, utile, notamment pour les personnes handicapées, mais Cortana ne parle pas luxembourgeois. Il faut s’adresser à elle en français, en anglais, en allemand ou une autre des langues majeures parlées dans le monde. Et cette limitation se pose dans tous les pays dont la langue ne représente pas un marché assez important pour les géants des nouvelles technologies. Heureusement, au Luxembourg, trois langues cohabitent, mais ailleurs, Cortana ne sert plus à rien.

Dommage, alors, de ne pas ressentir le frisson du personnage de Dave Bowman dans 2001, l’Odyssée de l’espace, lorsqu’il s’adresse à Hal-9000, l’ordinateur qui l’accompagne lors de son voyage aux confins du système solaire. Car Cortana, au-delà de l’aspect gadget, c’est un peu ça. Une sorte d’intelligence artificielle qui pioche sur internet ses réponses. Autant dire qu’elle a l’embarras du choix et qu’elle sait vous surprendre, pour le meilleur… comme pour le pire. Mais sa présence dans tous les ordinateurs équipés du système d’exploitation le plus courant dans le monde va la rendre rapidement familière. Elle nous projette aussi dans un monde futur qui sera fait de voix synthétiques, de celles qui donnent le vertige par leur simple existence. Saurons-nous les garder sous contrôle? Parleront-elles alors luxembourgeois? Réponse dans une prochaine version de Windows.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)