Revoilà le burkini. Il aura fallu attendre la fin de ce mois d’août pour qu’une nouvelle polémique concernant ce maillot de bain remonte à la surface. Samedi dernier, trois jeunes femmes se sont rendues, comme chaque année, à la piscine extérieure de Remich. Jusqu’ici, rien d’anormal. Mais lorsqu’elles ont souhaité rejoindre le bassin pour se baigner, le maître nageur leur a refusé l’accès. À cause de leur tenue. Le burkini ne semble en effet pas être «conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs», selon le règlement de la commune, qui bannit explicitement les shorts et bermudas, mais ne fait, à aucun moment, mention du burkini.
Au Luxembourg, aucun règlement national n’évoque la possibilité ou non de porter le burkini dans les piscines municipales. Ce choix est laissé aux communes. Taina Bofferding et Paulette Lenert, alors respectivement ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes et ministre de la Santé, l’expliquaient très bien, il y a deux ans, lors du précédent scandale «burkini» au Grand-Duché : «Les communes, dans leur compétence d’assurer l’ordre public, peuvent édicter des règlements qui, entre autres, doivent garantir la sécurité et l’hygiène. Le port du burkini dans une piscine ne représentant pas de risque pour la sécurité ou l’hygiène, il n’y a aucune raison objective pour qu’une commune l’interdise», avaient-elles alors souligné à l’époque.
Aucun risque pour la sécurité et l’hygiène, et pourtant. Encore une fois, le burkini fait parler de lui. Encore une fois, la tenue des femmes est scrutée. Les années passent, mais rien ne change. Mais oui, rappelez-vous, il y a 78 ans, c’est le premier bikini qui faisait scandale. Jugé impudique. Il faudra attendre les années 50 pour que ce sulfureux maillot de bain, interdit sur certaines plages, soit adopté par des stars de cinéma.
Une femme en bikini ? Trop sulfureux. Une femme en burkini ? Trop recouverte, que cache-t-elle là-dessous ? Pourtant, le rapport au corps reste pluriel dans une société et ne concerne ni l’État ni les pouvoirs publics, tant qu’il ne restreint pas la liberté d’autrui. Les femmes sont capables de décider par elles-mêmes du choix et de la signification de leur tenue vestimentaire, quelle qu’elle soit. Il serait temps d’apprendre à le respecter, non?