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Continuons comme ça

Ouf, les températures baissent. Il était temps, l’atmosphère n’était pas préparée à absorber les agressions du printemps, à savoir la pollution aux particules fines qui a mis Lorraine, Luxembourg et Europe en alerte en fin de semaine dernière.

Si on ne peut plus polluer tranquillement, où va-t-on ? C’est le problème, avec le réchauffement climatique : nos mauvais comportements se voient de plus en plus vite.

Plus nous la polluons, moins la planète parvient à absorber nos déchets. Cela pourrait suffire à une prise de conscience mais non, pas du tout. L’A31 dégueule chaque jour des milliers de camions pendant que des dizaines de milliers de travailleurs frontaliers n’ont d’autre choix que d’utiliser leurs véhicules personnels pour se rendre sur leur lieu d’exercice.

On en oublierait presque ces industriels aux chiffres d’affaire mirobolants qui ne vont pas non plus payer pour protéger la qualité de l’air. Ils s’en moquent, leurs bureaux sont climatisés. Il ne faudrait pas leur en demander trop non plus. Tant pour pour les autres.

À l’échelle luxembourgeoise, tous les maux et excès de la vieille Europe sont illustrés. Les énergies fossiles rapportent trop pour être mises de côté. Les industries créatrices d’emplois sont trop importantes pour être contraintes. Et la croissance économique est une priorité absolue, même si les réseaux de transports ne sont pas adaptés. Sans oublier l’absence de solutions alternatives.

En Norvège, 20% de la flotte automobile est électrique. Le pays y a mis des moyens, et des infrastructures, pour permettre une telle avancée. Des bornes de rechargement facilement accessibles, notamment.

Selon le Statec, dans moins de cinquante ans, 340 000 frontaliers travailleront au Luxembourg. Faute d’une politique de logements courageuse, d’investissements massifs dans des réseaux de transports en commun efficaces, ils utiliseront un véhicule polluant pour participer à la croissance économique du pays. À ce rythme, demain sera irrespirable. Mais aujourd’hui, c’est déjà demain.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)