Aujourd’hui, la consommation est reine. On gagne de l’argent afin de pouvoir acheter, dépenser et consommer tout et n’importe quoi, même des biens qui autrefois étaient le reflet de la réussite sociale parce qu’ils relèvent de la propriété.
Acheter un pied à terre sur la côte ou à la campagne? Airbnb vous l’offre pour une poignée d’euros. Économiser pour acheter une belle berline allemande? Complètement inutile, il suffit de se l’offrir en location (leasing), on s’occupera même de l’assurance et des révisions pour vous. Pourquoi s’embêter avec l’acquisition de biens alors que l’on peut s’offrir, les services en plus, les mêmes biens selon l’humeur du moment, les besoins du moment et surtout le portefeuille du moment?
Effectivement, en regardant cette tendance de ce point de vue, être propriétaire d’un bien aujourd’hui n’a plus la même valeur qu’hier. Du moment que l’on peut afficher son potentiel de consommation, l’étiquette «réussite sociale» sera sur votre dos. À court terme, pourquoi pas. Mais ce système cache une réalité complètement différente. Celle-ci, tout en laissant penser que la population est heureuse lorsqu’elle consomme, voit les propriétaires accumuler des richesses. Car ceux qui vantent la fin de la propriété sont finalement ceux qui acquièrent des biens pour les loueurs. Est-ce que le patron d’Airbnb vit dans une maison qui ne lui appartient pas? Pas certain. Nous pousser à consommer, c’est aussi nous pousser à nous appauvrir, c’est éviter que la population dispose d’un patrimoine, d’une propriété privée si difficile à reprendre par la suite.
De plus, mettre à la disposition du plus grand nombre tous les biens possibles et imaginables dénature le bien en question. Aujourd’hui, tout le monde peut s’offrir un foie gras ou un voyage en Asie, mais très peu de personnes savent apprécier ce foie gras ou encore s’émerveiller de la richesse culturelle de l’Asie. L’intérêt étant de pouvoir consommer pour montrer sa réussite au lieu de prendre le temps de découvrir et de déguster la réussite de l’autre.
Jeremy Zabatta