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Consentement éclairé

Les Choses humaines, le dernier film d’Yvan Attal, sort au cinéma ces jours-ci. C’est une histoire de viol. Pas celle d’un prédateur sexuel avide ou d’un pédophile bien préparé. Non, celle d’une jeune fille et d’un jeune homme qui ont un rendez-vous. La jeune fille porte plainte pour viol le lendemain, une accusation d’emblée niée par son partenaire d’un soir, qui ne comprend rien à ce qui lui est arrivé. Une histoire comme on en voit de plus en plus souvent dans les commissariats et les tribunaux. Une histoire qui dévaste deux vies, parce que l’une n’a peut-être pas su parler ou parce que l’autre, emporté par son désir, n’a pas su écouter. C’est l’histoire du respect et du consentement.

«Elle n’a pas dit non», «Elle n’a pas cherché à s’enfuir», «Elle a accepté de boire un dernier verre», «Elle m’a embrassé»… Autant de phrases teintées de cette incompréhension qui brise des vies, entendues à la barre. Pourquoi ne pourrait-on pas prolonger la soirée avec quelqu’un de charmant sans passer directement à la casserole ? Cela ne fait pas d’une fille une sainte-nitouche. Si ? La vision qu’a la société des rapports hommes-femmes est-elle à ce point tronquée ?

La réalité d’un procès pour viol est crue, dure, brute. Deux vies sont mises à nu, noircies, décortiquées par le camp adverse pour trouver la faille qui fera basculer le procès. C’est le courage des victimes qui livrent intensément, une fois encore, alors qu’elles peuvent se sentir salies et jugées, les circonstances de l’acte subi. C’est une parole qui se libère. C’est un jeune homme qui prend conscience qu’il risque gros : de la prison, d’être stoppé dans ses études, dans un projet de vie. Des vies qui se tétanisent, se recroquevillent de peur parce qu’à un moment donné une victime n’a pas été – pour quelque raison que ce soit – en mesure de se faire comprendre de l’auteur.

Un procès pour viol est quelque chose d’extrêmement complexe. Il est souvent question de sauver deux vies. Des bouées à la mer. Avant d’en arriver là,  apprenons plutôt le consentement aux jeunes – garçons et filles – et que la vie n’est pas une comédie romantique ou un film porno.

Sophie Kieffer