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Concours de beauté

Les tractations pour désigner le prochain président de la Commission européenne ont officiellement débuté mardi soir à Bruxelles. Comme prévu, les chefs d’État et de gouvernement ne sont pas forcément sur la même longueur d’onde pour choisir le candidat adéquat.

Il existe le camp de ceux qui défendent les «Spitzenkandidaten», ces têtes de liste choisies par les familles européennes. La chancelière allemande, Angela Merkel, continue ainsi de miser sur Manfred Weber, candidat du camp conservateur pour succéder à Jean-Claude Juncker. La perte de sièges au Parlement européen et son manque d’expérience à la plus haute échelle politique font cependant apparaître de plus en plus de réticences à son égard. «Il a l’aura d’un frigo», s’est même permis de dire Robert Goebbels, l’ancien eurodéputé du LSAP, sur RTL Radio.

L’autre camp, réunissant notamment le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, plaide plutôt pour Margrethe Vestager comme prochaine présidente de la Commission européenne. «Mon cœur bat pour elle», clame Xavier Bettel depuis plusieurs jours. Mais aussi bien le petit Luxembourg que la grande France sont conscients qu’il est plus important de définir un projet politique commun pour les cinq années à venir que d’imposer l’un ou l’autre candidat.

Le Premier ministre a ainsi à juste titre souligné à Bruxelles qu’il faudra s’accorder sur un «package équilibré» et non pas procéder à un «concours de beauté pour élire Miss ou Mister Europe». Pour Xavier Bettel, celui ou celle qui pourra assumer au mieux l’agenda stratégique et qui va bénéficier du plus large soutien, à la fois du Conseil que du Parlement européen, doit devenir le prochain locataire du Berlaymont.

À ce stade, rien n’exclut cependant la poursuite en coulisses d’un bras de fer acharné pour choisir les prochains hauts responsables européens. Au plus tard lors du sommet européen, fixé aux 20 et 21 juin, on devrait savoir si les bonnes résolutions, prises cette semaine, priment toujours sur la soif de pouvoir des différentes familles politiques.

David Marques