Un point de non-retour était atteint pour l’OGBL avant les élections législatives anticipées d’octobre 2013. Jean-Claude Reding, alors président du premier syndicat du pays, avait appelé sans détour à ne pas voter pour le CSV. Les répercussions sur les salariés de la politique d’austérité visant à contrer les répercussions de la crise financière de 2008 et 2009 étaient jugées trop lourdes. La manipulation de l’index était impossible à avaler. Dans le viseur de l’OGBL se trouvait en premier lieu Luc Frieden, le ministre chrétien-social des Finances, à l’œuvre de ces «coupes sociales».
Dix ans plus tard, l’OGBL, désormais présidé par Nora Back, va retrouver Luc Frieden. Les critiques et mises en garde fusent depuis sa nomination en tant que formateur du prochain gouvernement. Le camp syndical estime qu’une future coalition CSV-DP présidée par Luc Frieden n’«augure rien de bon». Le potentiel de conflits est qualifié d’«important» par la cheffe de file de l’OGBL. Elle dit avoir du mal à croire à l’image du «nouveau» Luc, qui en début d’année était encore président de la Chambre de commerce, sans montrer de véritable empathie pour le sort des petits et moyens salaires. Nora Back estime que le doute est légitime. Le contraire serait d’ailleurs vrai si, tout d’un coup, une «nouvelle» Nora, en tant que présidente sortante de la Chambre des salariés, postulait pour devenir Première ministre en défendant… la cause patronale.
Il n’est pas à nier qu’une certaine ambiguïté accompagne Luc Frieden depuis sa nomination comme tête de liste en février. Pour contrer cette impression, le très probable futur Premier ministre a tenu à démontrer que les causes sociale et climatique lui tenaient bien à cœur en invitant des acteurs de terrain de ces deux domaines à rencontrer les délégations du CSV et du DP. Ce matin, les syndicats, dont l’OGBL, vont également avoir droit à un échange de vues. Sans oublier le patronat, qui semble être bien plus proche du formateur que les autres invités défilant ces jours-ci au château de Senningen.
Chaque camp est en train de se positionner, y compris les partis renvoyés dans l’opposition. Selon des représentants du LSAP et de déi gréng, les jalons pour une nouvelle cure d’austérité, signée Luc Frieden, sont déjà posés.