Il a hoché la tête, s’est levé puis est sorti de la pièce.» Pressé notamment par le chancelier allemand de ne pas participer au vote sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a finalement décidé de baisser les armes.
Quelques heures plus tôt, il se disait pourtant encore déterminé à maintenir son opposition à cet approfondissement des relations entre Bruxelles et Kiev. Mais que penser de la pirouette diplomatique acceptée (ou imposée?) par l’enfant terrible de l’UE, toujours enclin à faire chanter ses pairs pour obtenir gain de cause?
La parade qui a permis d’éviter un échec retentissant est déclarée conforme aux traités européens. Un pays qui est absent lors d’un vote ne remet pas en question l’unanimité des voix requise. L’architecture même des tractations entre les 27 États membres pourrait néanmoins être aujourd’hui remise en question. «Pourquoi ne pas avoir opté par le passé pour cette tournure?», s’interrogeaient hier soir à Bruxelles des observateurs, ayant vécu des sommets européens à rallonge.
La question reste ouverte et il est trop tôt pour se prononcer sur l’effet qu’aura la tournure des évènements pour la suite de la construction européenne. En même temps, le surprenant épisode de l’«Orban-Exit» peut faire penser aux rouages qui prévalent dans des touts petits conseils communaux ruraux, au fin fond du Grand-Duché.
Ici, il arrive régulièrement qu’un bourgmestre, échevin ou conseiller soit forcé, au moment d’un vote, de quitter la salle en raison d’un conflit d’intérêts. Ce modus operandi est essentiel dans une démocratie. Mais assister à un scénario semblable au plus haut niveau de l’UE est pour le moins étonnant.
Une autre question se pose ce matin. Le Premier ministre hongrois, grand ami de Vladimir Poutine, est-il encore crédible aux yeux du président russe? Le maître du Kremlin fanfaronnait déjà hier, depuis Moscou, que l’Europe avait compris qu’il ne servait à rien de continuer à soutenir l’Ukraine.
Il s’est, une nouvelle fois, trompé. «Poutine n’aura ni réussi à éradiquer l’Ukraine, ni à éloigner l’Ukraine de l’UE», se félicite Luc Frieden. Pas sûr, pour autant, que cela finisse par calmer Viktor Orban…