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Colère exponentielle

Le «moment de vérité» n’aura pas lieu. Contrairement à ce qu’il avait annoncé jeudi dernier à la Chambre, le gouvernement de Xavier Bettel ne va pas statuer dès ce mercredi sur un éventuel reconfinement. Se référer au seul appel à une vigilance accrue pour évaluer si de nouvelles restrictions anti-Covid sont nécessaires, quelques jours à peine après l’entrée en vigueur d’un couvre-feu nocturne, était imprudent. Samedi, le Premier ministre s’est toutefois empêtré un peu plus, en menaçant sur la radio 100,7 de décréter un second état de crise si la Chambre n’arrivait pas à valider dans un délai de trois jours un arsenal législatif renforcé. La décision du gouvernement de ne rien décider à l’aveugle reste à louer. Par contre, il ne cesse de donner l’impression de s’être mal préparé à une deuxième vague, du moins sur le plan législatif. L’opposition voit juste en reprochant un manque d’anticipation à ce niveau. Affirmer que les ministres et leurs fonctionnaires se sont tourné les pouces pendant l’été est toutefois inadmissible. Inadmissibles sont aussi les propos tenus par la fraction du CSV. Dans un communiqué, il est insinué que le gouvernement prépare un «coup d’État». En optant pour l’état de crise, Xavier Bettel aurait l’intention de «museler» le Parlement et le Conseil d’État. Le parti d’opposition croit se retrouver «en état de guerre». Un véritable «scandale démocratique» serait provoqué par «l’apprenti sorcier Bettel». Il est à se demander si le communiqué a été validé par la cheffe de fraction, Martine Hansen, d’habitude très modérée, contrairement à des Laurent Mosar ou Gilles Roth. Le Parti pirate affirme être «effrayé» par les propos du Premier ministre, déi Lénk évoque un «chantage». Au vu de ces réactions, il est acquis que la Chambre ne va en aucun cas valider avec la majorité requise des deux tiers un nouvel état de crise. Pourquoi donc s’emporter ainsi?Ni la majorité ni l’opposition ne sont actuellement à la hauteur de l’enjeu qui se présente au pays. La colère exponentielle risque d’avoir comme seul résultat une hausse exponentielle de la courbe des infections.

David Marques