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Code secret

Le monde d’après commence avec un QR code. Le gouvernement a dévoilé l’application Covid Check qui permettra de faciliter l’accès à une vie normale à tous ceux qui ont été testés, guéris ou vaccinés contre le Covid. Pour les autres, il faudra sûrement faire la queue. Toujours. La pandémie de coronavirus a changé nos vies et nos habitudes depuis maintenant plus d’un an. En ce mois de juin 2021, le monde est toujours en convalescence et même si la campagne de vaccination s’accélère, même si les contaminations reculent, nos habitudes vont encore être chamboulées au moins cet été (voire plus) à cause de cette fichue maladie. Les plus chanceux pourront donc agiter leur smartphone et montrer la mystérieuse figure géométrique qui y apparaîtra afin d’éviter toute attente pour pénétrer dans un café ou restaurant ou toute déconvenue lorsqu’il faudra franchir une frontière. Espérons juste que ce système ne durera pas avec le temps.

L’avancée vers le monde d’après a en tout cas un goût amer car, de facto, cette décision de mettre en place un Covid Check crée deux classes de citoyens. Ceux qui sont sans danger et ceux qui sont suspects. Un nouveau papier d’identité à présenter vient donc d’apparaître. Mais nos gouvernants, au Grand-Duché comme ailleurs, ont-ils véritablement le choix? Non, soyons honnêtes, pas vraiment. L’objectif est de faire «comme si» la vie normale était revenue afin de relancer l’économie et relever des secteurs qui ont été mis à genoux par la pandémie. Il y a quelques années, tout le monde presque sans exception hurlait pour le respect de la vie privée lorsque l’on évoquait les nouvelles technologies. Maintenant, grâce justement à cette nouvelle technologie, presque tout le monde (cafetier, vigile, serveur, douanier, voyagiste…) pourra savoir si l’un ou l’autre est protégé du Covid et ne représente plus une menace, n’est pas vecteur d’une maladie. Certains appellent ça un progrès. Ça reste à voir.

Espérons juste que cela ne donne pas d’idées à certains pour pousser un peu plus loin ce concept une fois que l’épidémie de coronavirus sera loin derrière nous. Personne ne veut vivre comme en Chine.

Laurent Duraisin