La semaine dernière, la NASA a tenté une manœuvre visant à dévier un astéroïde qui menacerait de s’écraser ici-bas. Si l’exercice fonctionne, nous voici tranquilles pour une centaine d’années. A priori. Parce qu’en attendant, des dangers planent toujours sur Terre. Et s’agitent sous les mers. Au cas où l’on oublierait que le risque se trouve absolument partout.
C’est ainsi que Vladimir Poutine nous a resservi son cocktail monotone pour justifier l’annexion de l’est et du sud de l’Ukraine. Les discours du président russe donnent plus mal au crâne qu’une vodka bon marché. Pour refermer le piège sur Kiev et ses alliés – toute offensive sur ces régions étant désormais considérée comme une atteinte aux intérêts de Moscou –, le tsar a radoté ses vieilles rengaines. Comme le poivrot écroulé sur le zinc qui saoule toute l’assistance.
Ce que Poutine s’est bien gardé de dire, devant ses obligés buvant du petit-lait sous les ors du Kremlin, c’est qu’il n’a aucune maîtrise de cette guerre menée sans l’art ni la manière. Et qu’il préférera toujours triompher sans gloire que perdre à la loyale. Par principe et par fierté. Il est lucide pourtant, il avait compris que son armée de bras cassés ne prendrait pas la capitale et que Zelensky ne sauterait pas dans le taxi américain. Il sait aussi qu’il n’aura pas suffisamment de chair pour farcir ses canons, entre les troupeaux qui partent à l’abattoir à reculons – pas très motivés à l’idée de se faire trouer la peau – et les taulards envoyés au casse-pipe, la fleur au bout du fusil rouillé. Et ceux qui fuient parce que jouer aux petits soldats, ce n’est pas si marrant. Certains des déserteurs livrent cet aveu d’impuissance : «Nous aussi en Russie, nous vivons occupés comme les Ukrainiens. Mais nous ne pouvons pas faire tomber le régime à mains nues, alors il faut partir.»
L’excuse semble quand même un peu légère, face à ces mères courage du Daghestan ou de Sibérie qui montent au front devant des forces de l’ordre médusées. Il y aurait là de quoi puiser l’inspiration, plutôt que s’enivrer des paroles du maître à penser. Allez, trinquons plutôt aux bonnes nouvelles. À un gros caillou qui ne nous réduira pas en poussière, par exemple.
Alexandra Parachini