Commençons par une note positive : selon les résultats de la dernière enquête Eurobaromètre, 95 % des personnes résidant au Luxembourg se disent «satisfaites» de leur vie, contre 86 % à l’échelle européenne. Le résultat peut étonner, en raison d’autres indicateurs plus négatifs.
Premier constat : le logement continue à être la préoccupation principale pour 51 % des personnes interrogées, en particulier chez les 25-34 ans (58 %). Parmi les autres préoccupations majeures figurent l’inflation (42 %), l’insécurité (15 %) et l’immigration (14 %). La situation internationale (5 %) et le terrorisme (2 %) se situent au bas de l’échelle.
Ce sont justement le logement et la hausse des prix qui ont un impact sur d’autres chiffres bien moins réjouissants que le taux de satisfaction global très élevé des résidents. La part des personnes exposées au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale atteint ainsi 21,4 % en 2023, un niveau légèrement supérieur à la moyenne de l’UE (21,3 %).
La tendance est encore plus marquée pour les enfants, avec un taux de 26,1 %, contre 24,8 % dans l’UE. Autrement dit : près d’un enfant sur quatre est menacé par la pauvreté au Grand-Duché, soit environ 30 000 enfants. Le phénomène des travailleurs pauvres ne cesse également de s’aggraver, avec désormais plus de 14 % des salariés qui sont concernés.
Après des acteurs nationaux – citons les syndicats, Caritas, Unicef et d’autres ONG –, la dégradation de la situation sociale inquiète désormais aussi la Commission européenne. Pour la toute première fois, le Luxembourg figure parmi les pays placés sous la surveillance de Bruxelles, aux côtés de la Bulgarie, l’Espagne, l’Italie, la Lituanie, l’Estonie, la Hongrie, la Roumanie, la Grèce et la Croatie.
Il s’agit d’une nouvelle claque pour le riche Grand-Duché. Les allègements fiscaux à venir ne peuvent constituer qu’un premier (petit) pas pour redresser la barre. D’autant plus qu’il ne suffit plus de se cacher derrière le fait que près de la moitié du budget de l’État (47 % en 2025) est consacrée aux transferts sociaux.
Selon Eurostat, l’efficacité de ces mêmes transferts sociaux dans la réduction de la pauvreté s’est effondrée au Luxembourg, passant de 40,4 % en 2018 à seulement 27,4 % en 2023.