Sous l’Empire romain, la citoyenneté et le droit de vote étaient affaires sérieuses. Les Romains avaient tôt compris que le droit de cité hérité d’Athènes serait une arme dans leur stratégie d’expansion.
À l’origine, ce droit était limité aux tribus de Rome, où l’Empire était né. Au fil du temps, il a été accordé aux hommes de la péninsule italienne avant d’être donné à ceux qui vivaient dans les frontières de l’Empire. Cette citoyenneté a permis à Rome de rayonner pendant 500 ans, jusqu’à sa chute, en 476. En devenant citoyens romains, les hommes libres de l’Empire pouvaient voter, incorporer l’armée, être élus, devenir propriétaires ou encore se marier.
Aux côtés de ces citoyens romains, vivaient des citoyens de second rang, qui possédaient la «civitas Romana sine suffragio», ou citoyenneté romaine sans suffrage. Elle leur assurait les mêmes droits que les citoyens romains, à l’exception des droits politiques. Exclus de la plèbe, la communauté des citoyens romains, ils n’avaient pas voix au chapitre et se contentaient de participer passivement à la vie de l’Empire. Une situation qui allait pousser Rome a offrir progressivement à tous ces citoyens le suffrage, stade ultime de leur intégration dans la cité. Le sénat s’assurait ainsi la loyauté des citoyens romains, toujours plus nombreux.
Mais le processus prit du temps, beaucoup de temps. Il fallut plusieurs siècles aux Romains pour comprendre la nécessité de créer une communauté de droits et de devoirs communs, pour ne pas risquer d’assister à l’inexorable désagrégation de leur territoire.
Cette décision d’élargir la base de citoyens romains avec suffrage était l’œuvre de la plèbe et des assemblées. Elle n’a pas été imposée ou soumise au vote. Elle s’est installée naturellement dans la société. Quand l’Empire est tombé, ce n’est pas à cause de la révolte des citoyens qui possédaient la «civitas Romana sine suffragio» mais bien à cause de ceux qui ne faisaient pas partie de ce territoire devenu idéal démocratique. Mais la chute de l’Empire romain, c’est aussi une autre histoire.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)
Se référer à Rome est un bel essai pour tenter de convaincre de ses convictions ! Mais vraiment trop simpliste! On pourrait tout autant affirmer que Rome a sombré dans le chaos parce qu’elle avait perdu les valeurs qui l’ont constituées! Plus d’un Latin l’a affirmé et l’Empire ne fut pas la République, loin s’en faut! Prudence donc avec les anachronismes! Un titre en latin ne suffit pas pour devenir Q. Mucius Scaevola et même sans « sine suffragio » les étrangers à Luxembourg sont totalement intégrés dans la communauté juridique de la cité! C’est loin d’être le cas dans beaucoup d’autres pays!