Des montagnes radioactives : aux alentours de Fukushima, 20 millions de mètres cubes de déchets contaminés s’entassent sur près de 70 000 lieux d’entreposage, en attendant d’être enfouis dans une zone rouge où la vie humaine ne sera plus possible.
Pendant ce temps, des milliers d’ouvriers s’affairent à gratter, rincer, sabler, pour décoller les particules radioactives. Dans la centrale, 6 000 ouvriers tentent de maintenir les réacteurs en dessous de 50 °C. L’équivalent de 300 piscines olympiques d’eau plus ou moins épurée est stocké, en attendant de trouver une solution. Quant au chantier pour extraire le combustible fondu, un magma terriblement toxique, c’est un tel casse-tête que le Japon estime qu’il prendra 40 ans!
Fukushima, cinq ans après. Le bilan de cette catastrophe à la fois naturelle et humaine demeure effroyable. Il rappelle que si le progrès scientifique lié à l’énergie nucléaire est incontestable, il y aura toujours des irresponsables, des terroristes, des militaires, ou une catastrophe naturelle, pour provoquer un nouveau drame.
L’énergie nucléaire n’est ni sûre ni écologique, c’est désormais une certitude. Reste l’argument massue : elle est plus économique. En France, la patrie du nucléaire, le kw/h est 80 % moins élevé qu’en Allemagne, qui tourne le dos à cette énergie. Le match est donc plié? Pas si on regarde le détail de la facture. En France, les centrales sont dangereusement vieillissantes. Le coût de leur entretien, de leur démantèlement, et de l’enfouissement des déchets, explose.
En Allemagne, la fermeture des centrales nucléaires se fait dans la douleur, avec une hausse des taxes et des émissions de CO2. Mais c’est un coût lié à la transition énergétique, donc provisoire. L’Allemagne mise en effet sur des énergies renouvelables et un modèle d’avenir : la décentralisation et l’efficacité énergétique. À savoir la multiplication des sources d’énergie, plus petites, mais de plus en plus performantes, plus sûres, au plus près des besoins… et de plus en plus économiques. Berlin n’en est qu’au début de cette révolution. Tandis que Paris, de plus en plus critiqué, s’accroche obstinément à une énergie qui donne des sueurs froides à ses voisins.
Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)