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Chasse aux sorcières

Les mollahs n’auront pas tenu bien longtemps avant de remettre les voiles. Les autorités iraniennes ont en effet annoncé le retour de la police des mœurs, chargée de punir les femmes qui se montrent tête nue en public. Cet organe répressif, à l’origine du décès brutal de la jeune Mahsa Amini en septembre dernier et de la révolte populaire qui a embrasé le pays, avait été officiellement aboli il y a quelques mois. Un semblant d’apaisement qui a donc fait long feu.

Car le vent de liberté qui s’était levé, porté par les protestations de tout un peuple pris à la gorge, ne souffle plus depuis un bon moment déjà. Celles qui se sont courageusement découvertes témoignent sur les réseaux sociaux de la coercition à leur encontre ces dernières semaines. Comble du vice : la sinistre besogne a été confiée à des policières qui font inlassablement la chasse aux sorcières pour les mettre à l’amende. Voire davantage.

Plusieurs contrevenantes ont récemment été condamnées à «suivre des cours de psychologie» ou à des «interdictions de conduite durant deux ans». Sans compter une série de mesures en vigueur, qui prévoient la fermeture de commerces et de restaurants ou l’installation de caméras dans les rues pour traquer plus rapidement celles qui bravent la règle. Un projet de loi a aussi été déposé, à l’intitulé évocateur : «Soutien à la culture du hijab et de la chasteté». Le texte préconise, entre autres, de renforcer les sanctions financières. Tant pis pour les familles sans le sou. Tel est le prix de la leçon à retenir.

Tout est bon pour bafouer les droits humains. Qu’importent les centaines de personnes tuées et les milliers arrêtées en moins d’un an. La terreur doit régner au sein de la société et les femmes sont priées de marcher au pas. De se soumettre à la volonté obscure de ceux qui dominent. Pas question de raviver une lueur d’espoir, aussi faible soit-elle, ni de voir les braises de la colère rougir de nouveau et la contestation étouffée retrouver son ardeur. C’est pourtant ce qu’il adviendra, à force d’une oppression toujours plus forte. À tant courber le dos sous les coups de fouet, l’on finit par redresser l’échine. L’Iran n’en est pas à sa première révolution. Les mollahs devraient s’en souvenir.

Alexandra Parachini

Un commentaire

  1. Patrick Hurst

    Celà s’appelle « reculer pour mieux sauter »! Il était illusoire de croire qu’une dictature intégriste se soit soudainement, après plus de 40 ans, converti à la démocratie libérale!