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Changement de paradigme

L’usage de drogues touche toutes les couches de la société, inquiète de nombreux parents et représente un des marchés les plus lucratifs au monde. Selon le rapport de l’Onudc (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) de 2015, 25  % des adultes de l’UE ont consommé au moins une fois dans leur vie des substances illicites.

Depuis mardi, l’Assemblée générale de l’ONU consacre une session extraordinaire aux drogues qui devrait mettre davantage l’accent sur la prévention et le traitement plutôt que la répression à tout crin. Un changement de paradigme des plus salutaires. Quelle que soit son opinion sur le sujet, force est de constater que «la guerre à la drogue» à l’échelle mondiale, initiée par le président américain Richard Nixon dans les années 1970, est un échec cuisant. Elle n’a en rien fait baisser la consommation, n’a fait qu’enrichir les trafiquants et a provoqué des violences meurtrières, à l’image de ce qui se passe au Mexique.

Alors que faire? Il n’y a pas de réponse simple à un problème complexe qui mêle la morale, la santé publique, la justice et la police, entre autres. Une chose est certaine  : un monde sans drogue est une illusion. Mais de la dépénalisation à la légalisation, l’éventail des choix est vaste. Ne pas sanctionner le consommateur (la dépénalisation de l’usage et de la possession) semble un premier pas dans la bonne direction largement franchi par de nombreux pays, à l’image du Portugal qui a dépénalisé non seulement le cannabis mais toutes les drogues. Remplir les prisons avec des personnes qui devraient être soignées est non seulement contre-productif, mais de surcroît, cela coûte affreusement cher à la collectivité.

La légalisation (la vente autorisée) est une autre étape, franchie elle aussi par plusieurs États en ce qui concerne le cannabis. Mais voir un État encadrer la vente de drogues dures semble inenvisageable, principalement pour des raisons éthiques, même si pour certains, il s’agit du meilleur moyen pour contrôler le marché et limiter les abus des consommateurs. Pendant ce temps, les drogues qui tuent le plus –  tabac et alcool  – sont parfaitement légales et remplissent les caisses des États.

Nicolas Klein