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Champ de bataille

Monsanto-Bayer a gagné une bataille, mais pas la guerre. Le géant de la chimie a fait plier le gouvernement devant les tribunaux à propos de l’utilisation du glyphosate. Les produits qui se basent sur cette substance ne pouvaient plus être vendus sur le sol grand-ducal depuis le 1er janvier 2021. Environ deux ans plus tard, nous voilà revenus à la case départ. Mais le combat continue.

Le glyphosate fait débat sur toute la planète pour ses effets sur la nature, les animaux et les hommes. Capable de détruire toutes les plantes, il s’est retrouvé sur de nombreuses étagères de jardinier amateur à travers les bidons de Roundup. Des pratiques d’un autre temps qui ont disparu dans l’immense majorité des jardins luxembourgeois. Qui aurait l’idée d’acheter maintenant ce type de produits pour entretenir son jardin situé sous ses fenêtres, dans un lieu où ses enfants ou petits-enfants iront jouer ? Dans l’agriculture, les produits à base de glyphosate sont répandus dans les champs afin d’y semer de nouvelles cultures. En 2020, le gouvernement expliquait, avant l’interdiction totale, que 60 % des exploitations du pays avaient déjà abandonné ces herbicides contenant le fameux produit. Il restait quand même 40 % à convaincre.

Le glyphosate va-t-il faire son grand retour dans les campagnes du pays? Ce n’est pas sûr. Au mois de juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) doit rendre son rapport à la Commission européenne pour savoir si le produit est dangereux (ou non). L’Europe a prolongé l’autorisation du glyphosate pour avoir les résultats de cette enquête et enfin prendre position cette année. Du moins, espérons-le.

Voilà des années que les associations écologistes pointent du doigt le glyphosate, dont les traces restent présentes longtemps dans les cours d’eau, l’air et la terre. Des questions se posent sur sa responsabilité dans des cancers, les maladies de Parkinson ou d’Alzheimer. Il aurait aussi un impact sur les fœtus et serait un perturbateur endocrinien. L’EFSA va donc trancher en juillet. Le Luxembourg n’a pas voulu attendre et avait décidé de prendre de l’avance pour protéger sa population. Le fameux principe de précaution. Monsanto-Bayer n’était pas d’accord et a gagné. Pour l’instant…