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Chaises musicales à la gare

Les nombreux frontaliers français qui prennent le train pour le Grand-Duché font actuellement grise mine. L’année prochaine, à compter du 1er janvier, une partie des TER lorrains n’auront plus l’autorisation de traverser la frontière pour circuler sur le réseau luxembourgeois. En effet, les CFL ont décidé de n’accepter sur leurs voies que les trains équipés du nouveau système européen de sécurité ERTMS. Côté français, les pouvoirs publics étaient au courant de ce changement depuis 2005 et ils s’étaient engagés à ce que les trains soient tous équipés de ce système en 2017. Mais il a fallu prendre plus de temps pour mettre les trains aux normes et la date a été repoussée et encore repoussée. Désormais, les Luxembourgeois ont dit stop : il n’y aura plus de dérogations pour les TER lorrains non équipés à partir du 1er janvier 2020.

Ne voyons pas tout en noir : entre dix et douze rames françaises seront déjà prêtes pour le début d’année. Oui, d’accord, ce n’est pas vraiment suffisant pour répondre à la demande! Il faut normalement 21 rames pour faire transiter de la France au Grand-Duché (et vice-versa) les navetteurs. Les TER non équipés de ce nouveau système seront donc bloqués à la frontière et il va falloir que les usagers du train jouent aux chaises musicales, passant d’un train à l’autre. Ce grand bazar aura lieu notamment en gare de Thionville. CFL, SNCF, attendez-vous à quelques réactions acerbes sur les réseaux sociaux… Combien de temps cette situation va-t-elle durer? Peut-être trois mois… En juin 2020, tous les TER lorrains (25 au total) devraient être équipés du système de sécurité ERTMS, selon la SNCF, avec un rythme de mise à jour d’environ deux rames par mois. Les frontaliers n’ont plus qu’à serrer les dents, comme ils l’ont fait lorsque la ligne Luxembourg-Thionville avait été coupée après les graves accidents ayant eu lieu sur cet axe, après les inondations du poste de contrôle de Bettembourg, lors d’incidents ou de pannes que l’on ne compte plus. Ils pourront se consoler en pensant à la future gratuité des transports en commun au Luxembourg… dès le 1er mars 2020. Après cette péripétie.

Laurent Duraisin