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Chair à canon

C’est un week-end presque «normal» que la France a passé, une semaine après la tragédie qui nous a rivés à nos écrans de télévision pendant 48 heures et plus. Une semaine de larmes, de terreur, de tragédies, de traque, d’arrestations, qui, dans un deuxième temps, a vu un autre kamikaze se faire exploser, cette fois lors d’un assaut de la police à Saint-Denis.

C’est comme un mauvais film qui ne veut pas s’arrêter. Et alors que Paris se remet doucement, que les spectacles reprennent, que les Parisiens réinvestissent les terrasses, que la vie continue et qu’on essaie de comprendre ce qui a bien pu se passer dans la tête de ces jeunes, ce week-end, la traque et la terreur se sont exportées à Bruxelles.

La capitale belge était en état de siège, parée contre une attaque «imminente» : plus personne dans les rues et les salles de concert ayant préféré rester portes closes. C’est toujours le même dilemme qui revient à la charge : si l’on prend des risques, on s’expose facilement à la folie terroriste, mais si l’on se terre, on montre qu’ils ont gagné. Et cela, il en est hors de question.

Il va aussi falloir s’attaquer aux causes, et ce n’est pas en pointant du doigt les musulmans qu’on y arrivera. Il faut dépasser la notion d’islam avec Daech, car l’organisation n’a rien à voir avec les musulmans et drague bien au-delà. Des jeunes désemparés, croyant bien faire, sont embrigadés par l’organisation, comme le ferait une secte. Ces jeunes – pas forcément musulmans – pensent faire de l’humanitaire, jouer un rôle décisif, sauver le peuple syrien, et bien souvent, à l’arrivée, c’est la déception, mais il est déjà trop tard.

Au terme de cette reprogrammation des cerveaux, c’est pour ces jeunes la conviction que tous ceux qui ne sont pas avec eux méritent la mort. Qu’importe que le Coran délivre le message inverse, Daech utilise ces jeunes embrigadés comme de la chair à canon, ni plus ni moins. Il y a donc un gros travail à faire sur le terrain pour aller contre la propagande d’une organisation qui a de gros moyens financiers. Car sans ces jeunes embrigadés, Daech n’est rien.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)

2 plusieurs commentaires

  1. Audrey, avec tout le respect que j’ai pour vos réflexions, je ne pense pas qu’on vende aux candidats djihadistes l’idée de participer à une quelconque action humanitaire en faveur des populations locales, ni de partir en colonie de vacance. Le « package » proposé c’est des armes, des femmes, la charia pour tous, une place de premier choix au paradis et la perspective de devenir quelqu’un de respecté, ce qu’ils ne sont pas toujours ici. Bien d’accord toutefois sur la finalité d’en faire de la chair à canon (là-bas ou ici).

  2. Bonjour Mme Audrey Somnard ;
    Il faut préserver la bonne conduite de ces jeunes, que la famille et l’école, la rue , joueront, toutes pour vie brillante en plein sécurité et loin de la propagent la crime organiser, toutes notre condoléance a ces familles des victimes, nous sympathisons avec eux….Merci bien