Trois jeunes femmes sortent en boîte. Maquillage, jupes courtes et parfum, et les voilà à draguer, boire et rigoler.
À la sortie, l’une d’elles s’attarde. C’est alors qu’un type sort de l’ombre… Ellipse. On retrouve la jeune femme, écroulée par terre. Sous-titre : « Tu y es pour quelque chose, tu peux éviter ça. »
Cette vidéo de « prévention contre le viol » date du 22 novembre dernier. Elle a été postée sur la chaîne de la police du district de Baranya, en Hongrie. Oui, de la police. Qui, bizarrement, s’est pris un savon. Disons que l’idée de culpabiliser les violées et de dédouaner les violeurs est mal passée. Mais la police locale n’en démord pas : « Nos expériences montrent que la métacommunication féminine [le langage corporel] joue un rôle important dans la prévention. C’est souvent la coquetterie des jeunes femmes qui déclenche la violence », soutenait-elle.
Hélas, au pays des droits de l’ « homme », on n’est guère plus avancé. Mercredi, l’avocate Laure Heinich-Luijer racontait sur Rue89 l’histoire de Virginie, 26 ans, une petite brune qui se trouvait « un peu classique ». Elle a été violée et tuée par « un copain d’un copain » qui l’avait raccompagnée. Devant la cour d’assises, il reconnaît « une pulsion » et le meurtre parce qu’il ne « savait plus comment s’en sortir après ».
C’est alors que le magistrat lui demande si Virginie l’a « aguiché ». Non, monsieur le président, répond le violeur, c’est plutôt lui qui l’aurait un peu cherchée pendant la soirée. « Virginie était-elle une fille facile ? », insiste le président lorsqu’un ami d’enfance vient témoigner. Ce dernier n’en revient pas. Le président, toujours : « On a vu des photos sur lesquelles elle ne portait pas de jupe, mais était-ce toujours le cas ? »
Quel lien peut-on établir entre une jupe et un viol ? Entre un sourire et un meurtre ? Et pourtant, comme le clame la police hongroise ou le sous-entend le magistrat français, si une femme se fait violer, ce n’est pas parce que 80% des agresseurs sont des proches et 100% des criminels, des lâches. Non, femmes, c’est un peu de votre faute quand même.
À ce sujet, les parents, ne vous étonnez pas si votre enfant est victime d’un pédophile. Il n’avait qu’à ne pas s’habiller comme un enfant. La métacommunication, bon sang !
Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)