La journée internationale des droits des femmes c’était mercredi, et le constat est quasi tous les ans le même. On passerait bien la journée à penser à autre chose si on ne recevait pas un sms dès le matin avec une réduction spéciale «Journée de la femme» pour consommer encore plus avec son plus bas salaire, voir des distributions de rose dans la rue, pour sans doute fêter la liste longue comme le bras d’injustices qu’il reste à éradiquer, et bien entendu en fin de journée le collègue un peu lourd et qui croit faire un bon mot avec un «on a pas de journée de l’homme nous !».
Et si, n’en déplaise à ces messieurs, la journée de l’homme c’est le 19 novembre, et promis vous aussi on vous distribuera des fleurs et vous aurez des réductions pour vous acheter un rasoir ce jour-là.
Un jour dans l’année c’est peu pour parler de tout ce qu’il reste à accomplir pour arriver à plus d’égalité entre les deux moitiés de la population. Le Statec l’affirme, même avec un travail aussi prenant, les femmes passent toujours plus de temps que les hommes à s’occuper des enfants. Pas besoin de faire d’études scientifiques pour voir qu’à la sortie des bureaux les bars sont plein d’hommes, mais au Luxembourg les femmes sont encore à peu près bien loties.
Il ne faut pas aller bien loin pour réaliser notre chance. Les Irlandaises étaient dans la rue mercredi pour réclamer l’abrogation du 8e amendement qui met sur pied d’égalité une femme enceinte et son enfant à naître. Les «pro vie» étaient en face avec des pancartes ignobles en défendant bec et ongles le statu quo moyenâgeux. Pourtant on les entend moins quand on retrouve dans une fosse septique d’une ancienne institution religieuse à Tuam, des centaines de cadavres de bébés, des enfants confiés à l’Église parce que nés hors mariage ou à la suite d’un viol. Ces enfants étaient maltraités, pas soignés et à peine nourris. Ceux qui ont survécu à cet enfer ont été vendus à des couples sans le consentement de la mère, les autres ont fini en secret dans une fosse septique. Avant de s’intéresser autant aux enfants pas encore nés, peut-être faudrait-il s’intéresser déjà à ceux qui sont là.
Audrey Somnard