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Cerf-volant rouge

Hier soir, la direction de la Défense a pu confirmer que l’A400M luxembourgeois a quitté l’aéroport international d’Islamabad avec à son bord 93 personnes exfiltrées de Kaboul. Il s’agit de la première opération majeure de l’appareil militaire grand-ducal déployé depuis jeudi dernier au Pakistan afin d’assurer un pont aérien entre la Belgique et le Pakistan, choisi comme plaque tournante pour évacuer des ressortissants européens depuis l’Afghanistan. L’attente fut longue et des questions se posent sur cette mission belgo-luxembourgeoise baptisée «Red Kite» («Cerf-volant rouge»).

Le fond de l’opération n’est pas à remettre en cause. C’est plutôt la forme qui peut interpeller. Immobilisé depuis quatre jours à Islamabad, quel est le réel apport de l’A400M pour cette opération? À entendre certaines voix la semaine dernière, le tout premier avion militaire du Grand-Duché allait pouvoir servir de solution miracle pour exfiltrer la petite dizaine de personnes aux liens avec le Luxembourg depuis Kaboul. La réalité est tout autre.

Livré avec un très grand retard en octobre dernier à l’armée luxembourgeoise, le premier des huit A400M de l’unité binationale formée avec l’armée belge n’est tout simplement pas encore prêt à intervenir en zone de guerre. Le ministère de la Défense a communiqué tardivement sur ce fait, même si, en automne dernier, il avait été précisé qu’une période de rodage assez importante allait être nécessaire pour permettre aux équipages de devenir pleinement opérationnels. Sachant que les rotations entre Islamabad et Kaboul sont réalisées par trois C-130 belges, presque cinquantenaires, le déploiement de l’A400M n’a-t-il pas finalement été un simple coup de communication? La même question se pose si l’on sait que les 230 premiers exfiltrés ont été rapatriés depuis Islamabad à Bruxelles à bord d’un avion civil, affrété par la Défense belge, et un A330 MRTT, autre type d’avion militaire que le Luxembourg cofinance.

Il reste à savoir si l’A400M va retourner à Islamabad après avoir évacué un premier contingent de personnes. Quoi qu’il en soit, ce premier déploiement pourrait nuire à l’image d’un appareil pourtant prédestiné à mener de telles missions d’évacuation.

David Marques