Lorsqu’il accède au pouvoir il y a une vingtaine d’années, personne n’imagine vraiment l’ancien officier du KGB fluet, flottant dans sa veste trop large, devenir l’homme fort qu’il est aujourd’hui. Rompu aux opérations menées en toute discrétion, Vladimir Vladimirovitch Poutine a pris soin de bien cacher son jeu pour le dévoiler peu à peu. En fin stratège, le maître du Kremlin a patiemment avancé ses pions sur l’échiquier géopolitique jusqu’à s’imposer partout et mater toute contestation. Sur le terrain militaire – hier en Syrie, tout récemment au Kazakhstan – comme dans l’océan numérique, où les piratages et ingérences électorales portent souvent la signature électronique de hackers soviétiques.
Le shérif du Vieux Continent dicte sa loi et fait peur aux grandes puissances. Son regard perçant suffit parfois à glacer les sangs et refroidir les ardeurs de quiconque oserait le défier. Usant de son éternel rictus et de toutes les intimidations. Angela Merkel n’a sans doute jamais oublié ce chien – sa bête noire – lâché dans ses jambes lors d’une rencontre officielle en 2007. Tétaniser l’adversaire, quitte à le paralyser. L’ex-espion Sergueï Skripal et Alexeï Navalny en savent quelque chose… Le plus célèbre opposant du président croupit désormais en colonie pénitentiaire, ces camps de détention qui ont peu à envier à ceux du Goulag. Et ses soutiens, associatifs ou médiatiques, sont régulièrement réduits au silence. Ce que Vladimir veut, Poutine l’obtient toujours. Le pouvoir, le respect, la Crimée. Par la force ou par la soumission. Il faut prêter allégeance au tsar, à l’image du Biélorusse Alexandre Loukachenko et du Tchétchène Ramzan Kadyrov, fidèles vassaux inféodés au royaume des oligarques.
L’Ukraine est à présent cernée et le risque d’invasion croît de jour en jour. Comme à leur habitude, les États-Unis et les Européens agitent menaces et sanctions. Poutine en tremble tellement qu’en réponse, il a déployé des dizaines de milliers de soldats aux frontières ukrainiennes et compte par ailleurs intensifier ses manœuvres navales.
Alexandra Parachini