« Ce serait terrible si un grand débat national ne prenait pas en compte ce que disent ceux qui ont entre 16 et 30 ans », s’est alarmé cette semaine le Premier ministre français, exhortant les jeunes à participer à la consultation orchestrée par Emmanuel Macron face à la colère des gilets jaunes. La supplique paraît un brin culottée deux mois après le refus obstiné du gouvernement de dialoguer avec les lycéens qui manifestaient contre une ubuesque réforme du secondaire. Les matraques policières avaient alors arbitré le débat.
En Belgique, les jeunes disent leur fait aux politiques pour leur inaction face au changement climatique. Jeudi, ils défilaient par dizaines de milliers dans les villes du pays pour la quatrième fois en un mois. Ce qu’ils veulent ? La fin de l’hypocrisie. Que l’on passe enfin des belles paroles aux actes. C’est leur avenir avant tout qui est en jeu.
Par leur exigence, ils défient la crédibilité des politiques qui jurent si facilement ne pas vouloir «laisser le fardeau de la dette publique aux générations futures» pour justifier leurs plans d’austérité.
Mais, à ce que l’on sache, à Bruxelles, Liège ou Paris, on n’a vu aucun adolescent brandir une pancarte pour réclamer davantage d’austérité ou conspuer la dette publique.
Les lycéens, étudiants et jeunes qui manifestaient jeudi en Belgique veulent que les moyens et richesses aillent en priorité à la lutte contre le changement climatique. Pour eux, l’enjeu n’est pas comptable, il est vital. Les «responsables de notre planète» doivent nous mettre «à l’abri», a clamé à Bruxelles Anuna De Wever, une lycéenne de 17 ans devenue une figure de proue du mouvement.
La jeunesse oppose une vision à long terme à l’horizon réduit aux échéances électorales et profits immédiats des décideurs politiques et économiques. «Je n’ai pas envie de me retrouver dans vingt ans avec un climat détruit et de me dire que je n’ai rien fait», dit Elias, un lycéen bruxellois de 15 ans. Elias sait bien de quel fardeau il ne veut pas hériter.
Fabien Grasser