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Ce n’est pas un droit

Le Comité national d’éthique a rendu récemment un avis sur la gestation pour autrui (GPA), c’est-à-dire le recours à une mère porteuse, principalement par des couples homosexuels, sur laquelle se pencheront bientôt les députés. Le CNE s’oppose à son interdiction formelle.

Que les enfants déjà nés d’une GPA vivant au Luxembourg obtiennent un statut légal, cela semble aller de soi. Mais légaliser la GPA est une tout autre affaire. Cette pratique est une marchandisation intolérable de la femme. Bien sûr, pour certaines mères de substitution, porter l’enfant d’un couple homosexuel est un geste purement altruiste et l’on ne peut que leur tirer notre chapeau. Mais elles sont peu nombreuses et la demande est en augmentation. Ce décalage entre l’offre «gratuite» et la demande aboutit à ce que la GPA devienne un marché.

Ce n’est pas politiquement correct de l’écrire, mais un couple homosexuel ne peut tout simplement pas avoir d’enfant et avoir un enfant n’est pas un droit. On ne saurait cautionner la location du ventre d’une femme sous prétexte d’un «désir irrépressible d’enfant». Nous aurons tous, au crépuscule de notre existence, de très grands regrets : cela s’appelle la vie. Les homosexuels doivent faire une croix sur leur envie de paternité biologique. L’unique solution est de faciliter l’adoption pour ces couples. Car si elle est légale, dans les faits, l’adoption – qui est déjà un chemin de croix pour un couple hétérosexuel – est impossible pour un couple homosexuel. Et ce ne sont pas les orphelins qui ont besoin d’amour qui manquent dans le monde.

Le millionnaire français Pierre Bergé, compagnon de feu Yves Saint Laurent, a déclaré en 2012 : «Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ?» M. Bergé – sans présumer de ce que ressentent les femmes –, actionner une machine avec ses bras et sentir grandir en soi un être humain sont deux choses qui semblent totalement incomparables.

Et que diront ces hommes quand l’enfant demandera un jour : «C’est qui ma mère ?» Répondront-ils : «Oh, c’est une femme dont on a loué le ventre pendant quelques mois en Ukraine ?»

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)

2 plusieurs commentaires

  1. Franco PIODI

    « Cette pratique est une marchandisation intolérable de la femme. Bien sûr, pour certaines mères de substitution, porter l’enfant d’un couple homosexuel est un geste purement altruiste et l’on ne peut que leur tirer notre chapeau. Mais elles sont peu nombreuses… »

    Que une femme donne son corps pour altruisme ou pour l’argent est son choix, qui ne doit pas être jugée. La seule chose qu’on peut dire est qu’il faudrait eviter qu’une femme, une personne, soit dans la nécessité

  2. Alouette Envol

    Merci pour cet article.
    Merci de dire des choses simples et trop souvent méconnues ou négligées par beaucoup de vos confrères :
    – un couple homosexuel ne peut pas avoir d’enfant et avoir un enfant n’est pas un droit.
    – la GPA est une marchandisation intolérable.
    Je ne suis pas d’accord avec l’intégralité de votre article (pour moi, le meilleur pour un enfant est d’être adopté par un couple hétérosexuel) , mais je tiens à saluer votre lucidité.