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Ce football est malade

La façon dont le Luxembourg vit son football est parfois encore un peu schizophrénique, un monde où les «gentlemen’s agreements» tiennent encore lieu de garde-fous bien superflus, où il faut compter sur l’honnêteté discrétionnaire des uns pour assurer la sécurité financière des autres.

À force de se définir, pendant des décennies, comme «non professionnel», c’est-à-dire ni professionnel ni amateur, ce football a oublié de produire un cadre légal fort et préparé le terrain pour qu’arrive cette grève des joueurs hesperangeois, qui met le feu au pays.

Aujourd’hui, ces derniers, qui ont refusé d’affronter Mondorf dimanche après-midi pour le compte de la 14e journée, s’estiment insuffisamment protégés et des présidents de club un peu circonspects se posent la question de savoir si cette fronde ne fera pas un jour tache d’huile.

Les joueurs hesperangeois n’en font pas la promotion tout haut, tout occupés qu’ils sont à défendre leurs intérêts, mais cet événement qui interpelle jusqu’à la classe politique va forcément précipiter des prises de décision.

Parce que la BGL Ligue est déjà suffisamment discréditée, au lendemain du premier forfait en DN dans ce siècle, pour que les décideurs ne cherchent pas à minimiser les risques. Et pour ça, pas d’autre choix que de donner des garanties aux joueurs.

Hasard du calendrier, au lendemain de cet événement majeur, la fédération admet que sont menées depuis des mois des discussions avec les clubs de Division nationale afin de promouvoir une forme de responsabilisation collective.

Les clubs les plus sérieux seraient demandeurs dans ce contexte de crise économique : il faut que les bons gestionnaires puissent avoir la certitude de ne pas être défavorisés par rapport aux mauvais. Et que tout un championnat, de manière générale, évite d’être pointé du doigt par-delà même les frontières.

Il y va de sa capacité d’attraction, même si la claque qui vient de lui tomber sur le coin de la figure est déjà monumentale et qu’il est déjà plus question de régler les problèmes que de les éviter.

Ce football qui manque cruellement de liquidités depuis quelques années, alors que son modèle économique en réclame, est malade. Et il va passer des mois à réfléchir au meilleur moyen de ne pas voir la fièvre monter.