Le gouvernement l’a enfin compris. Il est urgent de réformer et revaloriser les professions de santé afin d’éviter dans les dix ou quinze années à venir un désert médical. Longtemps, le risque de pénurie a été sous-estimé, voire ignoré. Aujourd’hui, les bouchées doubles sont mises, avec, d’un côté, une diversification des études de médecine à l’université du Luxembourg et, de l’autre, une académisation du métier d’infirmier et d’autres professions du domaine des soins.
La pandémie de coronavirus est venue démontrer au grand jour la fébrilité du système de soins de santé du Luxembourg, trop fortement dépendant de la main-d’œuvre frontalière. Même si la crainte d’une réquisition du personnel par les pays voisins s’est éloignée au fur et à mesure, cette situation d’urgence a permis d’accélérer les travaux du très large groupe interministériel chargé de revaloriser la formation des professions de santé. Ministère de la Santé, direction de la Santé, ministère de la Famille et à la Grande Région, ministère de la Sécurité sociale, ministère de l’Éducation nationale et ministère de l’Enseignement supérieur ont lancé l’opération en 2020. Le gouvernement a acté les contours du nouveau cadre de formation le 30 avril dernier.
Les acteurs de terrain fustigent aujourd’hui, à juste titre, le fait de ne pas avoir été consultés lors de ce processus. Comme trop souvent, le gouvernement a décidé de faire cavalier seul. Le résultat est que le gouvernement se retrouve isolé et que l’importante réforme visant à rendre plus attrayants les métiers de soins de santé risque de rester sans effet.
Le paradoxe est que le bachelor permettant de devenir infirmier, si longtemps revendiqué, figure bien dans le plan de réforme des ministres Lenert, Meisch et Cahen. Le maintien du BTS (bac+2) et l’absence de master pour infirmiers spécialisés suscitent cependant l’ire des acteurs de terrain. Il n’est toutefois pas encore trop tard pour trouver un terrain d’entente. Le débat de cet après-midi à la Chambre portant sur la revalorisation de la formation d’infirmier doit permettre d’enfin offrir aux principaux concernés une chaise à la table des discussions.
David Marques