Une bonne nouvelle pour commencer : la semaine dernière, le parquet de Luxembourg a annoncé l’arrestation de huit personnes soupçonnées d’avoir blanchi une partie des 61 millions d’euros détournés chez Caritas. Par contre, il n’est pas encore possible de déterminer l’importance des sommes qui pourront être récupérées en définitive. Début octobre, le parquet informait avoir identifié plus de 8 200 transactions vers des centaines de comptes en banque ouverts dans une multitude d’États.
Si l’enquête est encore loin d’être au bout, il est au moins positif de voir que la justice signe des avancées dans ce dossier. La situation est tout autre à la Chambre des députés, où la commission spéciale mise en place pour retracer la gestion politique de l’affaire Caritas ressemble de plus en plus à une farce. Dernier épisode en date : la démission forcée de la présidente Stéphanie Weydert. Un possible conflit d’intérêts a fait chuter l’élue du CSV. Malgré son mandat de députée-maire, elle est toujours inscrite auprès d’une étude d’avocats chargée de défendre les intérêts d’une des banques impliquées dans l’affaire. Le fait de ne plus exercer n’a pas suffi à éviter ce nouveau camouflet, le deuxième après la démission en novembre dernier de Laurent Zeimet. Le député-maire CSV et avocat de profession s’était, lui aussi, retrouvé face à un possible conflit d’intérêts.
Ce pénible jeu de chaises musicales vient s’ajouter aux blocages que subit la commission lors des échanges avec les acteurs de l’affaire. La Fondation Caritas, très réticente à se présenter, avait dénoncé le possible conflit d’intérêts concernant Stéphanie Weydert. La société d’audit PwC a exigé la remise d’un catalogue de questions avant de rencontrer les députés. La Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) est restée muette sur la responsabilité des banques.
Il était dès le départ clair que les élus ne pouvaient et ne voulaient pas mener une deuxième enquête pénale. Leur rayon d’action est très limité, sachant qu’aucun des acteurs n’est forcé de venir s’expliquer. Avec en prime les deux démissions à la présidence se pose désormais la question suivante : quelle sera encore la valeur du rapport final de la commission, attendu pour avril?