Les dés semblaient jetés. À la mi-février, le Parlement européen avait validé le compromis trouvé en octobre dernier pour interdire, à partir de 2035, la vente de véhicules neufs roulant au diesel ou à l’essence. Plus précisément, le texte prévoit de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures et camionnettes neuves.
Pour l’instant, les véhicules 100 % électriques sont la seule option crédible au moteur à combustion. Mais il existe bien cette ouverture, la seule mention du zéro émission, dans le règlement durement négocié entre les 27 États membres de l’UE. Insuffisant aux yeux du gouvernement allemand.
Mis sous pression par les libéraux du FDP, membres de la coalition au pouvoir, le chancelier social-démocrate Olaf Scholz a défendu, en marge du sommet européen, la revendication d’ancrer les carburants synthétiques (e-fuels ou électrocarburants) comme alternative pour assurer la survie du moteur thermique. L’Autriche et l’Italie soutiennent le veto allemand. Un compromis aurait été trouvé, a énoncé Olaf Scholz. Faux, a rétorqué la Commission européenne.
La cacophonie prend encore de l’ampleur si l’on sait qu’une majorité des constructeurs automobiles allemands semble peu encline à miser sur les carburants synthétiques. Le non est catégorique chez Mercedes-Benz. Volkswagen mise aussi pleinement sur l’électrique. La position d’Audi est moins claire, tandis que BMW continue à travailler sur les deux types de moteur. Il reste tout au plus Porsche, le seul constructeur à militer ouvertement pour les e-fuels.
Pour l’instant, les électrocarburants, créés à partir de CO2 et d’hydrogène, sont encore très rares, énergivores, polluants et chers à produire. Les défenseurs du moteur thermique clament le besoin de ne pas bloquer le progrès technologique. Il n’est, en effet, pas à exclure que d’ici 2035, les e-fuels deviennent une option fiable.
Les constructeurs automobiles ont néanmoins dès à présent besoin de certitudes pour planifier à long terme. Le carambolage provoqué par l’Allemagne risque de faire d’importants dégâts pour l’économie, mais surtout pour le climat. D’aucuns redoutent déjà que le veto mis sur la fin du moteur thermique puisse provoquer d’autres blocages dans l’urgente et indispensable transition énergétique.