Camionnette légendaire

Auto-stoppeuse fantôme, jeunes femmes enlevées dans les cabines d’essayage des grands magasins, seringues contaminées dans les sièges de cinéma, araignées qui pondent des œufs sous la peau, enlèvement d’enfants par des hommes circulant en camionnette blanche en Europe ou en camion de glace aux États-Unis…

Autant de légendes urbaines qui ressurgissent à intervalles réguliers et sont relayées en masse sans vérification préalable par des personnes bien-pensantes. Depuis la semaine passée, on crie au loup ou plutôt à la camionnette blanche dans le sud du pays. Une photographie du ravisseur présumé a été partagée. Elle provient d’un avis de recherche de mars 2018 et représente un père qui avait enlevé son bébé.

Les peurs collectives alimentent les légendes urbaines et leur propagation depuis le Moyen Âge. On les partage pour prévenir d’un danger potentiellement réel. Plus une information est partagée, plus elle semble importante et fondée. Elles contiennent du vrai – Dutroux et Fourniret circulaient en camionnette blanche – et du faux, sont adaptées à l’époque et aux lieux.

Pas immédiatement vérifiables, elles peuvent conduire à des lynchages et à des chasses aux sorcières. Les êtres et les évènements que les légendes urbaines mettent en scène n’ont pas de réalité concrète, même si elles sont inspirées de faits réels et sont soi-disant arrivées à un ami d’un ami. Il faut s’en méfier autant que du danger qu’elles disent vouloir prévenir.

Rumeur, hoax… Dans le doute, on s’émeut, on partage. «Je suis la rumeur. (…) Vivre dans les rêves des gens, dans les murmures qu’ils échangent au coin des rues, mais ne pas avoir à être», annonce le croque-mitaine Candyman, incarnation romanesque de nos peurs les plus profondes.

La police, par acquit de conscience, enquête et vérifie chaque message du genre partagé sur les réseaux sociaux, souvent par des sites en quête de clics. Il ne faut pas céder à la panique face à ces alertes généralement fabriquées de toutes pièces. Rumeurs, contes, mythes, légendes ont de tout temps eu le mérite d’apprendre la prudence aux enfants.