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Camille Gira : bien plus qu’un doux rêveur

Camille Gira, membre du gouvernement et figure de l'écologie luxembourgeoise, est décédé mercredi soir (Photo : Hervé Montaigu).

Le Secrétaire d’état au Développement durable nous a quitté mercredi soir, brusquement, d’un arrêt cardiaque à la Chambre des députés.

« Je me souviens, à Beckerich, au début des années 90, je passais pour un doux rêveur…». Le 15 novembre 2015, Camille Gira préfaçait dans nos colonnes la conférence mondiale sur le climat de Paris. Il y évoquait le rôle essentiel à jouer par les communes et les instances locales dans la lutte contre le réchauffement climatique. Dans sa commune de Beckerich, Camille Gira était parmi les premiers à annoncer une réduction de 50 % des émissions de CO2. Il a réussi sa mission avant d’entrer au gouvernement.
Camille Gira, qui nous a brutalement quittés hier soir, était donc bien plus qu’un doux rêveur. C’était un homme d’action qui n’a jamais cessé d’aller de l’avant. Ces dernières semaines, il aimait rappeler sa première mission comme secrétaire d’État. Fin 2013, Camille Gira était appelé à affronter à Esch-sur-Alzette une salle très remontée en raison de la construction d’une fabrique d’asphalte aux abords de la commune. «Aujourd’hui, on dispose de la fabrique d’asphalte la plus moderne en termes de critères écologiques», s’est-il amusé à répéter fièrement.

Audace et enthousiasme
Avant son arrivée au gouvernement, il avait transformé sa commune de Beckerich en laboratoire écologique, donnant l’exemple à bon nombre d’autres acteurs politiques. En 2008, Le Monde avait consacré deux pleines pages à son action sur le plan local. Fort de cette expérience, il avait entamé sa mission de secrétaire d’État sans compter ses efforts.
Tous les bords politiques ont tenu à saluer hier soir son engagement, sa passion du débat, de l’argumentation et sa capacité à défendre ses convictions.
Par moments, ces valeurs se perdent un peu en politique. Des événements tragiques comme celui d’hier permettent de faire la part des choses. Il est temps de saluer aujourd’hui la mémoire d’un homme politique qui est toujours resté droit dans ses bottes. Son audace et son enthousiasme doivent demeurer des exemples à suivre, tout comme l’a été son esprit de pionnier développé à un moment où le climat n’inquiétait encore guère.

David Marques