En France, 12 députés ont décidé de faire la guerre au tabac et aux manufacturiers… et pas seulement en France. Ils veulent déposer un projet de loi pour demander des quotas de livraisons de cigarettes par pays afin de limiter le transfert de clopes peu chères jusque dans l’Hexagone. Le Luxembourg est visé par ce projet de loi.
Il faut dire que nos pages regorgent parfois de faits divers où les douaniers lorrains découvrent sur l’A31 des montagnes de tabac dans des camionnettes. Au volant, des personnes qui viennent de toute la France et qui alimentent, grâce à leur petit voyage, un trafic parfois bien lucratif. Au tribunal, l’amende est généralement salée pour le contrebandier. Mais cela n’arrête pas le flux illégal.
Certains diront que c’est l’Europe, la loi de l’offre et de la demande. Sauf que le tabac n’est pas un produit comme les autres. Au Grand-Duché, la Fondation Cancer n’a de cesse de critiquer la politique tarifaire de l’État pour ce produit. Le paquet est deux fois moins cher au Luxembourg qu’en France. Une manne pour les caisses de l’État luxembourgeois, mais qui provoque aussi des effets pervers : une hausse de la consommation de ce produit chez les jeunes au Grand-Duché et un cancer «exporté» chez le voisin. Tout ça pour des raisons financières. La situation a en effet de quoi faire tousser.
Les députés français veulent aussi couper l’herbe sous le pied des grands manufacturiers qui semblent jouer un double jeu et fermer les yeux en alimentant, tout en n’ayant rien à se reprocher, un trafic entre deux frontières. Les chiffres avancés par les élus donnent le vertige : au Luxembourg, les fumeurs locaux achèteraient 600 millions de cigarettes par an… pourtant, trois milliards sont livrées dans le pays dans le même laps de temps ! À Andorre, c’est 120 millions de cigarettes qui sont consumées par les habitants chaque année. L’enclave en reçoit 850 millions par an !
Ce marché parallèle coûte à la France jusqu’à trois milliards d’euros de recettes fiscales, sans compter les malades à prendre en charge à cause de leur addiction. Mais pas sûr que le Grand-Duché se plie à cette exigence : le tabac seul a permis d’engranger 870 millions d’euros de recettes fiscales au Luxembourg en 2022, selon le Statec.
Voilà une bonne idée de nouvelle source fiscale, sans non plus trop en augmenter le prix, le tabac restera attractif pour les voisins européens et fera(it) encore bien l’affaire du nouveau gouvernement… facile mais direct, tout en louant un objectif de santé publique LOL
Quant à l’initiative des députés français, relativement louable, je ne suis pas vraiment sûr que ce soit compatible avec les conditions de marché actuellement permises par les traités européens… mais ça aussi, ça peut se changer ;o)