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Burn-out : usés jusqu’à la corde

Un burn-out, pour certains c’est user de la gomme. On donne du gaz tout en maintenant le frein d’une voiture avant de le relâcher. Pour d’autres, c’est une maladie professionnelle. Pourtant, ces deux acceptions ont un point commun : on use en faisant du surplace et si le burn-out est mal négocié, on risque de foncer dans le mur !

Le burn-out est fourbe, il vous tombe dessus et choisit bien ses victimes. Il aime les optimistes laborieux, ceux qu’il peut freiner dans leur élan, ceux dont l’entourage ne va pas comprendre ce qui leur arrive. Il va les presser jusqu’à faire jaillir des larmes et du désespoir sur le chemin du travail et derrière leur écran d’ordinateur. Ils se seront donnés à fond. Usés, ils rendront les armes et appelleront à l’aide. Dans le meilleur des cas, ils obtiendront un délai pour souffler, dans le pire, on ne comprendra pas pourquoi ils sourient le soir au café entourés de leurs amis et s’effondrent dès que leur emploi, un éventuel cas de harcèlement ou leur incapacité à réagir sont évoqués.

Le burn-out, ou épuisement professionnel, est encore très méconnu et très peu pris au sérieux, malgré une augmentation des cas de 37% en 2018 par rapport à l’année précédente, comme l’indiquent les ministres de la Santé et du Travail, Étienne Schneider et Dan Kersch, en réponse à une question parlementaire très justement posée par un ancien ministre de la Santé, Mars Di Bartolomeo. Le burn-out a été reconnu comme maladie professionnelle par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), mais elle est bien la seule.

Le code du travail luxembourgeois ne reconnaît pas les risques psychosociaux, dont fait partie le burn-out, comme «postes à risque», et les employeurs ont des réticences à soutenir une réforme du code en la matière.

Est-ce la peur de remettre un système en question, alors que les victimes le font en permanence ? Il est plus que temps que la société et le gouvernement commencent à s’interroger à ce sujet. Dans leur réponse, les ministres disent réfléchir à une stratégie nationale dans les années à venir. Combien de victimes fonceront dans le mur d’ici là ?

Sophie Kieffer